Aujourd’hui, j’aimerais lister mes idées pour entretenir le suspense dans son roman. Il peut s’agir de policier, de thriller, de fantastique, d’horreur, de secrets de famille, d’environnement mystérieux, d’affaire non classée, d’amnésie… Sans aller jusqu’à dire que tous les moyens sont bons pour instaurer, puis entretenir le suspense dans votre roman, voici, au moins, de quoi le laisser planer tout au long de l’intrigue.
Le suspense, ça fonctionne comme la tarte aux fruits
Et par-là, j’entends que l’on découvre un peu d’un nouveau fruit à chaque bouchée. Pour entretenir le suspense dans son roman, c’est pareil : on dévoile un peu du mystère régulièrement.
Ma première idée est de partir sur un gros mystère bien épais, auquel on incorpore des mystères plus petits. Par exemple, dans mon nouveau roman fantastique, on a la disparition d’une enfant en 1990. J’ai brodé autour plusieurs histoires, plusieurs mystères de moindre envergure. (Du moins, par rapport à celui qui entoure la disparition.) Je me suis débrouillée pour que ces mystères soient communs, dans le sens où n’importe qui peut les avoir vécus dans la vraie vie. (Ainsi, j’implique davantage læ lecteur·rice.)
Enfin, pour alimenter ce mystère autour de la disparition, je l’ai fait se répéter trente-et-un ans plus tard.
Un mystère qui dure dans le temps donne l’impression d’être insoluble
Dans votre roman, vous pouvez opter pour un mystère qui dure dans le temps. Ceux-là donnent l’impression d’être insolubles parce que
- la plupart des protagonistes et antagonistes sont mort·e·s
- des éléments ont pu être oubliés, cachés, détruits
- l’évènement a causé tellement de mal que plus personne ne souhaite en parler après tout ce temps
- les gens se sont fait une raison…
Un mystère qui dure dans le temps a forcément des répercussions aujourd’hui
Exploiter un mystère qui dure dans le temps est aussi intéressant parce qu’il a forcément des répercussions aujourd’hui. Il permet un « avant/après » des personnages, de définir lesquels ont tourné la page (même seulement en apparence), lesquels ont sombré…
Dans un roman avec du suspense, le temps devient essentiel. Les personnages n’ont peut-être pas le luxe de le perdre. Ou celui qui s’est écoulé a eu de graves répercussions sur quelques-uns. Ou il s’est révélé trompeur. Dans tous les cas, le temps implique le facteur humain, qui l’emploiera pour guérir, pour fomenter un sale coup, pour se punir…
Le facteur humain est le plus intéressant
Quand il y a un mystère, il y a toujours une ou plusieurs personnes derrière. Jalousie, vengeance, envie, meurtre, suicide… Les évènements créeront des amitiés ou éloigneront certains personnages. Ils susciteront de la haine, de l’obsession, de la peine ou alimenteront quelque plan machiavélique.
Qui a tout perdu ? Qui, au contraire, a(vait) tout à y gagner ? Présentez les mobiles. Affinez les caractères. Usez de détails qui paraissent insignifiants. Ne vous échinez pas à surprendre læ lecteur·rice avec les évènements, c’est le facteur humain qui entraînera la surprise. Tout part de lui, de ses réactions, de ce qu’il rumine, ce qu’il convoite, ce qu’il souffre…
Entretenir le suspense de son roman sans trop en faire
Tout à l’heure, je parlais de tarte aux fruits, mais, évidemment, le suspense, c’est aussi comme le chocolat : point trop n’en faut. N’essayez pas d’ajouter des couches et des couches de lecture ; votre lecteur·rice s’y perdrait. Encore une fois, un bon gros mystère suffit. À vous de lui attribuer des conséquences réalistes et d’y aller progressivement. Accordez-lui toute la place nécessaire. Donnez-lui des personnages denses pour le servir ou pour le résoudre, de même que des marqueurs temporels. Enfin, pensez à établir une chronologie claire des évènements qui ponctuent votre intrigue, elle vous sera sûrement utile !