Aude Réco Vous allez vite m’en entendre parler : oui, j’ai commencé à écrire un roman gothique. Plus précisément, mon premier roman gothique. Et ce n’est pas du tout la même chose qu’écrire une novella gothique ! (Ce que j’avais déjà fait avec Noces d’éternité et La Belle au lys, toutes les deux publiées au Petit caveau.)
Bien sûr, je savais que l’écriture d’un roman gothique différerait de celle d’une novella gothique. Mais vous, vous tâtonnez peut-être. J’ai donc réuni dans cet article les trois points sur lesquels je dois travailler pour écrire un roman gothique de qualité.
Le gothique est un art de vivre (un peu)
Le genre gothique, c’est un peu un art de vivre. On part sur des couleurs sombres et ternes, la représentation de la nuit, de souterrains, de couloirs étroits, d’espaces clos. Et effrayants. Cimetières, châteaux hantés, lieux en ruine, abandonnés. Les charger d’histoires est un plus. (C’est la raison pour laquelle la petite ville où se déroule mon roman est pleine de légendes et de faits-divers.)
L’atmosphère est lugubre, vous l’aurez compris. Ça a été là ma première difficulté : étendre cette atmosphère. (Limitée à un manoir dans Noces d’éternité, je l’ai étendue à l’échelle d’une petite ville dans mon roman.) Ma première difficulté a même été d’étendre cette atmosphère sans qu’elle fasse « trop ». Le contexte doit rester normal, habituel pour les personnages, puisque je rappelle que le gothique est un sous-genre du fantastique. (Et le fantastique se caractérise par l’intrusion d’éléments extraordinaires dans un contexte ordinaire.)
Écrire un roman gothique pour les personnages
Quand je me suis lancée dans l’écriture de Noces d’éternité (au milieu des cartons de mon second déménagement), je l’ai fait pour les personnages. Je voulais (enfin ?) écrire une histoire de fantôme. J’ai toujours eu une passion pour les histoires de fantômes. (Et ça va se voir quand vous lirez mon roman.) Les lieux maudits, les personnes hantées, les objets habités…
La contribution des personnages aux lieux
Pour écrire un roman gothique, mieux vaut prévoir des personnages mystérieux. Ils ont, en général, un secret à cacher. Le conte Dracula est un vampire. Le bon docteur Jekyll se transforme en l’abominable Mr Hyde. Ces personnages contribuent à l’atmosphère des lieux. Le château du conte prend une dimension encore plus effrayante, par exemple. (Et il impressionne déjà le pauvre Jonathan Harker quand il entend les loups hurler à la ronde.)
La contribution des personnages aux lieux est, à mon sens, absolument essentielle. Ils ajoutent à l’aura mystique de ces lieux. Ils en véhiculent les histoires. Ils en sont parfois même le centre d’intérêt direct. (Là où l’on aurait tendance à mettre le paquet sur le surnaturel.)
Le surnaturel ne fait pas tout
L’on a tendance à penser que, pour écrire un roman gothique efficace, il faut (beaucoup) miser sur les éléments surnaturels. Détrompez-vous. Et rappelez-vous ces nouvelles fantastiques du 19 ème siècle, lesquelles misaient sur la confusion entre éléments surnaturels et folie, illusion d’optique, imagination débordante, maladie, interprétation…
Du dosage et du rythme
Écrire un roman gothique (par rapport à une novella gothique) est surtout une question, je trouve, de dosage. Bien sûr, l’intrigue doit pouvoir se suffire. (Si je compare avec un Noces d’éternité, mon roman en cours dispose de tous ses éléments en place au même nombre de mots que la fin de ma novella.) Il y a aussi le rythme, un peu contemplatif, qui colle parfaitement au genre gothique. (Toujours à mon avis.) Enfin, écrire un roman gothique, c’est comme écrire un roman dans n’importe quel genre : il y a certains codes à respecter et d’autres que l’on peut détourner.
