L’ART AVEC UN GRAND « A » N’EXISTE PAS

On part du principe que l’artiste (ici, l’auteur·rice) crée par besoin, plutôt que par envie. Et on part du principe qu’une fois ce besoin assouvi, le reste passe au second plan. Y compris tout ce qui touche à la rémunération. (Surtout ce qui touche à la rémunération, en fait.)

L’image populaire de l’auteur·rice qui écrit par passion et s’en trouve satisfait·e est, hélas, encore trop présente. Et, si elle se veut romantique, elle ne reflète en rien la réalité : factures, alimentation, soins… Beaucoup écrivent en plus d’un travail alimentaire. Parce que l’écriture paie mal. Beaucoup n’écrivent pas en plus d’un travail alimentaire parce que l’écriture est une passion et juste ça. L’écriture paie mal, le statut est précaire, mal foutu, et les pouvoirs en place se foutent royalement de notre gueule.

Fin août, je partageais un article intitulé « Écrire, c’est embrasser une vie d’artiste ». Elle est là, la réalité. Même pour les nôtres, les auteur·rice·s qui estiment que, puisque le métier ne paie pas, autant se faire une raison. À aucun moment (ou si peu), il n’est question d’inverser le raisonnement : pourquoi est-ce que ça ne paie pas d’écrire ?

Et puis il y a cette image de l’auteur·rice qui gagne bien sa vie, dans cet entre-soi (blanc au possible) où l’on se retrouve sur un plateau de télévision ou au sein d’un jury pour un prix « prestigieux » qui ne signifie pas grand-chose puisque non représentatif des auteur·rice·s du pays.

C’est parce que les mentalités n’évoluent pas que la majeure partie des auteur·rice·s sont précaires. C’est parce qu’on se complaît dans des images romantiques que notre vision des choses est biaisée, attirée par le clinquant d’un projecteur sur l’un·e ou l’autre auteur·rice de cet entre-soi.

L’Art avec un grand « A » n’existe pas pour la simple raison que les auteur·rice·s écrivent pour en vivre – au-delà de la satisfaction d’avoir des lecteur·rice·s et de tenir leur livre entre les mains. L’Art avec un grand « A », c’est du discours depuis la scène de l’entre-soi que la réalité n’atteint pas.

L'art avec un grand "A" n'existe pas

Aude Réco

Je suis autrice dans les genres de l’imaginaire à destination des adultes et des jeunes adultes.

Je suis adepte de méli-mélo temporel, de mondes aux contrées mystérieuses et, surtout, de maisons hantées et d’histoires de fantômes.
J’aime tout ce qui touche au passé et à la mémoire des lieux, aux secrets de famille et vieilles malles poussiéreuses pleines de souvenirs.

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