Aude Réco Il est facile de tomber dans une forme de routine ou une sorte de facilité quand on se laisse porter par ses sujets de prédilection. On cherche donc à se renouveler dans ses thèmes d’écriture préférés.
J’en ai moi-même quelques-uns, évidemment : la solitude, les secrets de la famille (et la famille en général, surtout la fratrie), la quête du sens de soi… Heureusement, au bout d’une trentaine de romans, j’ai appris à me renouveler, notamment par le biais des relations entre mes personnages. (Je pars du principe qu’un roman est une rencontre entre des personnages, dont les buts et motivations qui en découlent alimenteront toutes ces relations.) Mais ce n’est pas là ma seule astuce.
Se renouveler dans ses thèmes d’écriture préférés par la prise de risque
Je vous l’accorde, je ne commence pas par l’astuce la plus simple, mais pourquoi ne pas explorer vos thèmes d’écriture favoris par le biais d’un nouveau genre ?
Selon le genre choisi, vous n’aborderez pas un sujet de la même manière ni sous le même angle. Un roman historique vous forcera à respecter des conditions contre lesquelles vous ne pouvez rien. La fantasy, au contraire, peut vous accorder plus de liberté quant au traitement de ces sujets. La romance a certains codes dont vous aurez du mal à vous affranchir, mais inverser les rôles (sous formes de comédie, par exemple) peut fonctionner.
Quand j’ai écrit Ocre rouge, j’ai pu revisiter le thème de la famille et de la solitude ensemble, dans un contexte d’opposition entre mes deux personnages principaux. J’avais donc des personnages capables de comprendre ce que ressent l’autre, mais infichus de ne pas se tirer dans les pattes.
Dans Le Tisseur d’ombres, la solitude de Gaël est liée à sa condition de tisseur d’ombres, car les individus de sa condition meurent jeunes. Il y a aussi sa séparation d’avec son petit ami, exigée par les hautes instances du pays.
Renouveler ses sources d’inspiration pour revisiter ses sujets de prédilection
Pour se renouveler dans ses thèmes d’écriture préférés, il faut avant tout renouveler ses sources d’inspiration pour revisiter ses sujets de prédilection.
On raconte des histoires depuis la nuit des temps. Oubliez donc l’utopique originalité d’une idée, quelqu’un l’a forcément déjà utilisée. Ça en agace certain·e·s, et si vous êtes de celleux-là, profitez-en pour lire ou regarder ce qui s’est fait ailleurs. (Et même si vous n’êtes pas de celleux-là, d’ailleurs.)
Ce sont nos inspirations qui façonnent nos histoires
Je sais que certain·e·s auteur·rice·s ne lisent pas par peur de plagier les œuvres des autres. À moins de croire en l’existence d’idées qui n’auraient jamais, jamais été exploitées, c’est surtout la triste occasion de passer à côté de quelque chose.
Pour ma part, je trouve toujours intéressant de voir comment l’une de mes idées a été exploitée par quelqu’un d’autre. (Et puis le média, ça change tout, aussi !)
Nos inspirations façonnent nos histoires. Le traitement d’un sujet peut nous interpeler au point de vouloir en faire quelque chose ou, au contraire, nous dégoûter, nous révolter.
Revisiter ses sujets de prédilection
Revisiter ses sujets de prédilection est un défi, à peu près autant que se lancer dans le traitement d’un autre sujet. Puisez dans ce que vous connaissez, dans ces sentiments que vous refoulez, dans ces doutes que vous éprouvez, dans ces erreurs que vous avez commises…
Qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ? Qu’est-ce qui vous inspire assez, là, maintenant, pour vous donner envie de l’explorer dans votre roman ?
Contre l’ennui de tou·te·s
Se renouveler dans ses thèmes d’écriture préférés, c’est s’assurer de ne pas s’ennuyer dans son écriture et de ne pas ennuyer les lecteur·rice·s. Pendant longtemps, j’ai arrêté de lire Stephen King parce que je retrouvais les mêmes archétypes de personnages roman après roman. (En tout cas, dans ceux que je choisissais.)
L’écriture doit rester une forme de découverte et un plaisir que vous partagez avec vos lecteur·rice·s. C’est aussi pas mal de remise en question, et chaque nouveau projet est une occasion de vous renouveler.
