Écrire du steampunk : au-delà du cuivre et des machines à vapeur

Écrire du steampunk

Écrire du steampunk

Né à la fin du XXème siècle, le steampunk est un genre littéraire dont l’expression signifie littéralement “punk à vapeur”. Son action se déroule au sein de la société industrielle du XIXème siècle. (Machines à vapeur, révolution industrielle, époque victorienne…) On croit à tort qu’un texte steampunk doit se dérouler dans un contexte victorien ou édouardien, bien que ceux-ci se prêtent parfaitement au jeu.

De nos jours, le steampunk gagne en popularité. Il est aussi et surtout un esthétisme qui fleure bon le cuivre, les robes à froufrous et la vapeur, tant en littérature que dans les domaines vestimentaire et décoratif.

Il est né des “fantaisies victoriennes” de trois auteurs : K. W. Jeter, Tim Powers et James P. Blaylock. Une histoire de cases, puisque leurs textes, dans les années 80, ne rentraient dans aucune de celles qui existaient alors.

DE LA FASCINATION AUTOUR DU STEAMPUNK

Il s’exerce une véritable fascination autour du steampunk. Peut-être parce qu’il explore de moult manières ce qu’aurait été notre société si la machine à vapeur ne l’avait pas révolutionnée, si le futur avait pointé le bout de son nez plus tôt. Peut-être parce qu’il est visuellement beau, qu’il donne envie de s’y projeter. Ou peut-être parce qu’on souhaite explorer de nouveaux horizons littéraires.

Avec lui, on réécrit en quelque sorte l’Histoire avec un regard neuf sur ce qui s’est déjà produit. (Un peu comme l’uchronie, je vous l’accorde.) Et il est diablement tentant de s’y essayer !

IDÉES REÇUES

Il me semblait intéressant de vous parler de steampunk au-delà du visuel plein de rouages et de machines à vapeur, car j’ai remarqué que steampunk = idées reçues. Outre cette ambiance faite de zeppelins, de locomotives et de mécanismes assemblés avec la précision d’un coucou suisse, ce genre est un bon prétexte pour travailler ses descriptions. Tout y est très visuel ; or, comment décrire un univers très visuel quand l’auteur pèche avec ses descriptifs ? Il se force à être le plus minutieux possible.

En plus de présenter des atouts esthétiques, il devient un défi, celui de se concentrer sur le décor, sur les tenues vestimentaires, de s’interroger sur la place qu’occupe la technologie, mais sans pousser jusqu’au cyberpunk. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on dit du steampunk qu’il tire son origine du cyberpunk en abandonnant l’aspect cybernétique.

Un genre rétro donc, un peu chic, mais pas que puisqu’il marie personnages historiques, approche novatrice d’une société antérieure avec des interrogations contemporaines, le tout avec un côté des plus plaisants.

UN UNIVERS TRÈS ESTHÉTIQUE

Sans être steampunk, l’Angleterre victorienne (l’une de mes périodes favorites) dégage déjà un esthétisme fort : les robes interminables, les manoirs lugubres, le smog et les rues aux pavés humides. Tout ceci contribue au fait que niveau visuel, l’ensemble est riche, attrayant. Bref, ça claque, diraient certains. Le steampunk, c’est un peu la même chose, technologie et pistolets bizarres en plus. Avec le nombre d’œuvres qui prolifèrent ces derniers temps, difficile de se démarquer en la matière, car force est de constater que les décors finissent tous plus ou moins par se ressembler. L’enjeu devient finalement de proposer quelque chose de neuf, et c’est là que l’intrigue, couplée à l’ambiance et au reste, a intérêt à faire mouche.

Je soulignais donc l’importance de proposer une intrigue du tonnerre, car un roman steampunk ne peut pas reposer seulement sur son aspect. Il faut étoffer tout ça, le magnifier et ne pas parler de boulons juste pour dire “J’ai semé des boulons et du cuivre partout, c’est steampunk.” Il faut que ça sonne steampunk, que ça en jette et que se dégage cette atmosphère de passé futuriste. On pourrait même parler de concept. Je pense que là réside le plus dur : apprendre à créer cette atmosphère, à la penser au-delà de ce que l’on verrait sur une illustration. Travailler sur un récit raccord avec le genre sans dépeindre toujours les mêmes décors ou les mêmes personnages types. Le texte doit rassembler une foule d’informations, d’innovation. Le moindre élément doit pouvoir sortir le lecteur du contexte habituel de SF.

UN GENRE QUI REGORGE DE CODES

Comme n’importe lequel, me direz-vous, alors veillez à ne pas tomber dedans la tête la première. Travaillez vos personnages, leurs particularités… Un perso tout à fait banal peut devenir le meilleur que vous ayez jamais créé parce qu’il possède tel objet, vit à tel endroit, entretient telle relation. On se souviendra de lui à sa démarche, à sa locution, à sa gestuelle, à son caractère, à ses vêtements… Le tout, une fois de plus, est de bien doser, décrire et surtout de bien vous approprier le “casting”. Libre à vous d’opter pour le vieil inventeur solitaire et perdu au milieu de ses cuckoo clocks avant-gardistes, mais rendez-le unique. (Je n’ai jamais dit que ce serait de la tarte.)

Puisqu’on cause persos, petite parenthèse. Nous sommes bien d’accord que cadre victorien ou pas, les femmes ont le droit de tenir le beau rôle. Et pourquoi pas le flingue. (Je rappelle que la femme fragile est un cliché ultra-réchauffé du gothique.)

Le choix des décors paraît restreint et par rapport aux codes du steampunk, il l’est même sans doute. Néanmoins, on ne vous interdit pas d’en changer, par là j’entends vous les réapproprier, les réinventer. À vous de livrer votre vision personnelle d’une ambiance adéquate et de ce qui la compose.

UN MONDE À PART

Le steampunk est une sorte de genre de tous les possibles, un immense terrain de jeu qui puise dans l’Histoire pour amener à des préoccupations plus actuelles. On marie le vintage à la technologie et on obtient un texte décalé à l’hybridité évidente.

Plus haut, je parlais de concept, de courant à la Jules Verne qui exploite style vestimentaire et anachronismes. Ainsi obtient-on ce fameux mélange sur fond de corsets améliorés, de dirigeables et d’automates en jupons victoriens. (Oui, why not ?) Une idée de passé futuriste plane sur ce genre.

Le contexte est ancré dans le passé, mais avec des composantes empruntées au futur : technologie, évolution… (Des mœurs, de la culture…) Descriptions fouillées, atmosphère établie à l’aube des premières machines à vapeur, décors et tenues méticuleux… Tout un code se met en place dans le steampunk.  Il ne s’agit pas uniquement de caractéristiques que l’on veut bien lui prêter, c’est une manière de voir les choses. Ce genre recoupe souvent avec d’autres genres de science-fiction. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre parler de voyages dans le temps et d’univers parallèle. (H. G. Wells n’en est pas l’un des pères spirituels pour rien !) On y retrouve aussi parfois des personnages ayant réellement existé. Il s’agit d’un univers tellement à part qu’il reste difficile de le catégoriser. Les cases, toujours les cases !

Aude Réco

Je suis autrice dans les genres de l’imaginaire à destination des adultes et des jeunes adultes.

Je suis adepte de méli-mélo temporel, de mondes aux contrées mystérieuses et, surtout, de maisons hantées et d’histoires de fantômes.
J’aime tout ce qui touche au passé et à la mémoire des lieux, aux secrets de famille et vieilles malles poussiéreuses pleines de souvenirs.

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3 commentaire

  1. Très bon article qui ne parle pas assez des fondateurs de la science fiction victorienne, Jules Verne et surtout HG Wells. Vive le Steampunk, partageons cette passion sans pareil à d’autres !

  2. Belle plume, vous avez très bien décrit le genre qui n’est pas toujours facile à expliquer à un humain des temps modernes 🙂

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