Qu’elle concerne une personne dans un environnement donné, au sein de l’écriture ou vis-à-vis d’elle-même, l’estime de soi tient parfois à peu de choses. Peut-être que vous, derrière votre écran, êtes sujet·te à une mauvaise estime de soi ?
Qu’est-ce que l’estime de soi ?
L’estime de soi est la vision qu’une personne renvoie d’elle-même à elle-même, en impliquant cependant la manière supposée dont les autres la perçoivent. L’estime de soi implique de se confronter aux autres, tant par l’intelligence que les capacités et la légitimité. (Il y a aussi l’apparence, entre autres, mais elle ne nous concerne pas dans l’écriture.)
L’estime de soi sera très profitable à quiconque y place une foi inébranlable, mais deviendra un véritable enfer pour celleux qui se dévalorisent.
Qu’elle concerne la vie quotidienne ou se limite à l’écriture, l’estime de soi consiste, le plus souvent, à comparer l’incomparable.
Écriture et estime de soi
Étant donné que le sujet qui nous concerne est l’écriture, je vais m’attarder sur le cas de l’estime de soi en écriture. Évidemment, il y a la comparaison d’un·e auteur·rice à un·e autre, que ce soit en matière de production, de nombre de publications, bref, de réussite. Autant ma motivation aime la réussite des autres pour se relancer, autant mon estime de soi prend du plomb dans l’aile quand elle constate leurs succès.
Néanmoins, quand il s’agit d’écrire un texte (porte ouverte ou fermée), mon estime de soi se porte à merveille. J’ai appris, au fil du temps, que le but est d’abord de croire en moi, en mes capacités à mener un récit à son terme, à le porter jusqu’au bout. Souvenez-vous que les autres ne croiront pas en vous si vous ne croyez pas en vous-même non plus.
Une écriture qui tâtonne, ça se voit
Vous n’êtes pas sûr·e de vous, je le conçois parfaitement. C’est tout à fait normal, que vous débutiez ou non. Les peurs dans l’écriture sont légion : peur de la page blanche, de ne pas y arriver (j’y reviendrai), de l’inconnu, de s’éparpiller et j’en passe. Il en est pourtant une qui, à mon sens, rafle tous les trophées en matière d’estime de soi en berne : le syndrome de l’imposteur.
Le syndrome de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur est parfois appelé « syndrome de l’autodidacte ». Je le précise tout particulièrement, car dans l’écriture – comme dans bon nombre d’activités artistiques –, l’apprentissage passe par une phase en autodidacte.
Le syndrome de l’imposteur réside dans un déni de réussite personnelle, voire de rejet sur des éléments extérieurs. L’expression « C’est un coup de chance » ne vous est pas étrangère ? Elle vous paraît même banale. Sachez toutefois qu’elle peut cacher un manque d’estime de soi.
Des hésitations sont néanmoins normales dans le cadre de l’écriture. Commencer un roman n’est pas une partie de plaisir pour tou·te·s les auteur·rice·s. Certain·e·s sont très à l’aise avec l’exercice, d’autres déploient des méthodes pour tromper le doute. Les dernier·ère·s, malheureusement, (se) bloquent devant leur page blanche.
Commencer un roman
Il existe mille et une façons de commencer son roman : par le début, le milieu, la fin, par une scène-charnière, par un personnage en particulier… Je vous invite à (re)lire mon article sur le sujet afin de vous familiariser avec l’acte de commencer l’écriture d’un roman.
Tenir un journal d’auteur·ice pour travailler son estime de soi
L’écriture par l’écriture m’a beaucoup aidée à mieux comprendre mes mécanismes. Ici, il s’agit d’améliorer son processus créatif par l’écriture, mais aussi son estime de soi.
Choisissez, de préférence, un carnet dans lequel vous prendrez plaisir à noter vos impressions, angoisses, réussites… Ne négligez rien, travaillez votre sens du détail ; de toute manière, c’est ce qu’on demande à un·e auteur·rice, en herbe ou non.
Lire aussi “Mon journal d’autrice : l’écriture par l’écriture”.
L’ego
J’ai tendance à dire qu’en écriture, il faut nourrir un certain ego – ou avoir un culot monstre – pour oser croire que son manuscrit pourrait satisfaire une maison d’édition. Beaucoup ont fait le pas avant nous… et se sont planté·e·s.
Avant d’envoyer votre manuscrit aux éditeurs, il est de bon ton d’y aller mollo avec son ego. Vous n’avez pas à vous prendre pour une divinité vivante, mais pas pour une grosse merde non plus. Et surtout, dernier détail : si vous en êtes aux balbutiements de votre roman, il vous faudra beaucoup, beaucoup travailler avant d’en arriver à un manuscrit présentable.
L’estime de soi et les autres
Les autres sont une source permanente de mauvaise estime de soi, même quand iels ne font rien pour vous enfoncer. Comme je l’écrivais plus haut, l’estime de soi implique de se comparer, personnellement et professionnellement, aux autres. Comment donc commencer à écrire son texte ou le poursuivre quand on affronte constamment la réussite d’autrui ? De quelle manière peut-on s’en protéger et ne pas se focaliser là-dessus ?
La réussite des autres comme catalyseur de ses propres réussites
La réussite des autres ne doit pas vous miner le moral, encore moins vous faire dire que vous n’y arriverez jamais. J’insiste sur ce premier point, car ici, vous seriez la cause de votre propre déception. Forcez-vous à penser qu’au contraire, vous voulez atteindre ce niveau. Restez néanmoins conscient·e de la masse de travail qu’il vous faudra fournir et du temps nécessaire à ce but.
Fixez-vous des objectifs réalisables pour y parvenir. Au début, ne comptez pas trop sur des deadlines courtes. Certain·e·s travaillent mieux sous la pression, mais ce n’est peut-être pas votre cas. Si vous débutez, il se peut que vous ne le sachiez pas. Multipliez les AT (appels à textes) s’il le faut, même si on refuse votre œuvre. C’est notamment ainsi que vous apprendrez à mieux gérer votre temps, vos attentes et les moyens de les atteindre. Ce temps ne sera absolument pas perdu, surtout si vous grappillez quelques conseils en retour sur les textes soumis.
Allouez un temps raisonnable à l’écriture. Cela fait partie des objectifs si vous voulez progresser. Si vous n’avez que dix minutes par semaine à consacrer à l’écriture, considérez-la comme un loisir. Si vous espérez en tirer une réelle satisfaction, si vous visez les éditeurs, par exemple, revoyez votre planning pour pouvoir écrire plus. C’est ainsi que les autres sont parvenus au résultat que vous lisez fréquemment sur les réseaux sociaux.
La manière des un·e·s et des autres
Autre point très important : la manière qu’ont les un·e·s et les autres de parvenir à un résultat ne correspond pas forcément à votre façon de procéder. Tout dépend du temps que vous pouvez investir dans l’écriture, de la fréquence de vos sessions, de vos attentes… Chaque auteur·rice a ses aspirations propres, ne vous appropriez pas des objectifs qui ne vous correspondent pas.
L’estime de soi, ça se travaille
Que vous ayez une estime de soi prête à déplacer des montagnes ou plutôt à creuser des trous pour vous cacher au fond, souvenez-vous d’une chose essentielle : elle se travaille. Par ailleurs, les autres ont déjà fort à faire avec leurs propres doutes pour s’encombrer de votre vie d’auteur·rice. Alors, prenez confiance en vous, ouvrez votre plus beau carnet et noircissez-le d’idées ; c’est ainsi que tout (re)commence.
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