Je crois que je suis définitivement une « fille du fantastique ». J’ai grandi entourée de livres comme Chair de poule et Spooksville, puis ceux de Stephen King. (Aujourd’hui, certains, comme Salem font office de romans doudous bien que le genre ne s’y prête pas vraiment comparé à d’autres.) J’ai très vite découvert les films de Tim Burton, et puis Phantom Manor à Disneyland Paris. (L’une de mes attractions préférées. On adorait la faire avec mon père.)
J’ai toujours aimé les atmsospères que dégage le genre fantastique, les maisons hantées, les recoins sombres, les apparitions soudaines, les rêves prémonitoires, la facilité du cerveau humain à interpréter tout et n’importe quoi… (J’ai d’ailleurs joué là-dessus dans La Belle au lys : chaque chapitre reprend un évènement d’un point de vue différent, et l’exercice m’a beaucoup apporté en termes de descriptions et de scénarisation.)
Le genre fantastique a ceci de particulier qu’il permet de rendre le quotidien proprement étrange, voire terrifiant. Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Qu’est-ce que le personnage voit vraiment et est-ce que les autres le voient aussi ? (Ou entendent, sentent… Les cinq sens offrent une foultitude de possibilités.)
J’aime beaucoup jouer sur les apparences. Quand on a peur, le comportement change. On s’emballe, on se raisonne difficilement ou, au contraire, on se raccroche à ça de toutes ses forces. Je trouve que le genre fantastique présente d’excellentes analyses du genre humain. (Il suffit de lire Poe. Les thématiques qu’il aborde dans ses contes macabres se vérifient encore aujourd’hui.) Il y a cette forme d’intemporalité dans les questionnements, où on se demande s’il est plus rassurant d’y croire ou de le refuser. Il n’existe pas une manière de parler de maison hantée, mais plein, plein, plein. D’autant plus que, souvent, la maison hantée sera un prétexte à parler d’autre chose : il faut un contexte pour écrire un roman, et le coup du déséquilibre au sein d’une famille, d’un groupe, d’une communauté à plus grande échelle fonctionne toujours. Les avis divergent. Il y a celleux qui y croient, celleux qui cherchent une explication plausible, celleux qui se réfugient dans leur foi, parfois un peu trop. Évidemment, chacun·e cherche à rallier les autres à sa théorie. (Parce que nous autres humains, on aime bien raisonner en termes de groupe dominant – ce qui n’est absolument pas représentatif, car le plus imposant n’est pas forcément celui qui a raison –, mais ça rassure – plus nombreux, on se sent en sécurité, même quand on connaît les conséquences de l’effet témoin.)
Le fantastique est vraiment l’un de mes terrains de jeu favori. Très proche du réel, il suffit de quelques illusions d’optique et d’une bonne frousse pour bouleverser un environnement. Inutile de montrer les fantômes, à l’image de La Maison du Diable, de Robert Wise, qui ne montre jamais rien que des portes sur lesquelles on cogne et qui mise tout sur les émotions de son héroïne. (Au passage, ne regardez pas Hantise, son remake de 1999. C’est joué avec le cul et le film veut tellement en montrer qu’il en perd toute crédibilité –· comme quoi, on peut faire pire avec de meilleurs moyens, et c’est surtout là la preuve que le fantastique puise son efficacité dans l’imagination des lecteur·rice·s/spectateur·trice·s, non dans de coûteux effets spéciaux.)