J’aime beaucoup cette citation de Toni Morrison, que je vous avais partagée sur Twitter, la semaine dernière.
S’il y a un livre que vous avez envie de lire, mais qu’il n’a pas encore été écrit, écrivez-le vous-même.
Toni Morrison
Pour accompagner cette citation, je vous demandais : quel livre avez-vous envie d’écrire ?
Plus que jamais, nous parlons et voyons relayer des dizaines et des dizaines de posts, infographies, témoignages… qui dénoncent le patriarcat, la charge mentale, le traitement des femmes et les injonctions qu’elles subissent (que nous subissons) sous couvert de phrases toutes faites comme « Mais c’est pour votre bien ». Il est aussi beaucoup question, évidemment, de la guerre en Ukraine et, par extension, du racisme subis par les personnes racisées dans les pays de l’est. (Ce qui fait pas mal ressortir le sujet du racisme en France, d’autant qu’on s’est retrouvé avec le RHaine au second tour des élections présidentielles.)
Moi, à ce jour, si j’avais envie d’écrire un livre, ce serait pour traiter indirectement de sujets qui sont encore hors de ma portée. (Je ne parle pas de ce que je ne connais pas ni de ce que je connais mal.) Ce serait un livre avec plus d’inclusivité que ce que je propose déjà actuellement, mais « indirectement », car je ne veux pas que ces thématiques se retrouvent au premier plan de mes romans. Déjà parce que je ne suis pas forcément concernée. (LGBT+, oui, racisée, non, par exemple.) Ensuite parce que, je l’admets, je n’aime pas les « histoires à morale ». Je n’aime pas que l’auteur·rice essaie de me faire rentrer une valeur dans le crâne, surtout que, la plupart du temps, je la partage. (Mais c’est peut-être que je ne suis juste pas le bon public pour capter le message, puisqu’il fait partie de mes valeurs.)
Je ne choisis pas mes lectures parce qu’elles mettent en avant des héroïnes, plutôt que des héros. (Mais que certain·e·s le fassent, OK, chacun·e choisit bien comme iel veut.) Je ne choisis pas mes lectures pour qu’elles traitent absolument de thématiques que je connais déjà. (C’est d’ailleurs en ce sens que je me demande si ce sont les personnes qui en ont besoin qui lisent les livres destinés à éduquer sur le féminisme, l’écologie, le bien-être animal…)
Je pense pouvoir dire que mes romans reflètent ce que je lis et vice-versa : une baronne en robe à froufrous qui manie le flingue comme personne (Les Sempiternels), un chasseur de primes bisexuel (Ocre rouge), une jeune femme de l’aristocratie victorienne (Noces d’éternité) qui brave les interdits… Je tente des combinaisons (comme le roman fantastico-historique avec Les Murmureurs) ou je reprends des archétypes pour voir ce que je peux en faire. (Comme Albern, mon chef de meute un poil maladroit dans Appartiens-moi.) Ou je m’essaie à la romance gothique parce que le format novella restreint mes possibilités. (Comme avec Cœur sommeil.) Je n’ai pas de cahier des charges précis, pourvu qu’il respecte les personnages pour ce qu’ils sont : orientation sexuelle, genre, couleur de peau, morphologie…