Les premières lignes d’un texte, et plus généralement le premier chapitre, sont décisives pour l’histoire. Ce sont elles qui, indirectement, décideront de son sort. Elles pousseront ou non læ lecteur·rice à poursuivre. Heureusement, chaque récit ne captivera pas chaque lecteur·rice, ceci dépendant d’un certain nombre de facteurs comme le genre, le style, l’époque… Logiquement, læ lecteur·rice ira vers des livres qui lui parlent, mais il peut arriver qu’iel ait envie d’essayer autre chose ou qu’un résumé se révèle trop captivant par rapport au contenu. (La fameuse quatrième de couverture qui survend l’intrigue.)
Je ne me suis jamais vraiment posé la question de comment amener les choses dans mes premiers chapitres, car ils me viennent toujours naturellement. Je ne commence pas un roman sans en connaître le début et la fin.
LES ENJEUX DES PREMIÈRES LIGNES/DU PREMIER CHAPITRE
Parce que ces enjeux sont réels, ils existent tellement que beaucoup d’auteur·e·s, en herbe ou confirmé·e·s, se demandent comment s’y prendre pour les poser. Non seulement, ils doivent être clairs, mais il faut en plus les énoncer naturellement. L’auteur·e ne doit pas intervenir en tant que tel·le, mais permettre à ses personnages de s’expliquer, puis aux lecteur·rice·s de comprendre ce qui ne serait pas clairement écrit.
Les enjeux des premières lignes/du premier chapitre sont claires :
- PRESENTER les personnages principaux, les liens ou non-liens entre eux ;
- DONNER une idée de l’environnement dans lequel ils évoluent, du contexte ;
- ETABLIR l’intrigue.
Ce sont, à mon sens, les trois points principaux. Évidemment, chacun regroupe d’autres aspects de l’écriture.
LES PERSONNAGES
Ne les présentez pas tous d’un coup, surtout s’il y en a treize à la douzaine. Favorisez les personnages principaux et ceux dont la présence est absolument indispensable dès le début.
Soyez méthodique, procédez dans l’ordre et prenez votre temps. Surtout, évitez les prénoms/noms qui se ressemblent ; ayez pitié de nos petites cellules grises.
LE CONTEXTE
Là encore, prenez votre temps. Sans dire que vous avez tout un roman pour le poser, vous n’avez pas non plus trois lignes pour le faire. Oubliez la méthode Tolkien, celle qui implique de lire cinquante pages de contexte géopolitique et partez du principe qu’il vaut mieux faire vite (mais pas trop) et bien.
Soyez cohérent·e dans votre façon de poser le contexte, ne parlez pas de la magie au sein de votre royaume, puis de ses rites de passage s’il n’y a aucun lien entre eux.
Le contexte doit être clair et concis. Vous aurez l’occasion de vous étaler sur certains points utiles au moment voulu.
L’INTRIGUE
Ne l’installez pas trop vite. Entre la présentation des premiers personnages et celle du contexte, læ lecteur·ice aura déjà fort à faire. Et n’oubliez pas : une intrigue n’est rien sans ses personnages clés et un contexte qui tient la route. Être dynamique ne signifie pas se précipiter.
LES DESCRIPTIONS
Une fois de plus, on oublie la description de type encyclopédique. Inutile de décrire le royaume Truc en première page si on ne le voit qu’à la trente. Pareil si on effleure juste le sujet. Une description rapide, en rapport avec l’intrigue/le contexte/les personnages (si possible) suffit. Autrement, on se demande pourquoi vous en parlez. Donc, évitez d’accorder du texte à des éléments qui ne reviendront pas ou auxquels on s’intéressera plus loin.
Pour finir, n’oubliez pas que læ lecteur·rice, en commençant votre récit, n’en sait que ce qui est écrit en quatrième de couverture. N’oubliez pas non plus que celle-ci existe surtout pour donner envie de découvrir votre histoire. Vous pouvez vous en servir comme d’un tremplin entre avant et après la découverte, mais celle-ci restera plus ou moins continue au fil des pages.
Faites court, captivez votre lecteur·rice dès la première ligne (non, je n’exagère pas) et faites-vous plaisir ! Si vous vous ennuyez à l’écriture, le texte se fera l’écho de cet ennui. Dans le pire des cas, si le début coince, commencez par la fin.
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