Le NaNoWriMo (ce NaNoWriMo du bonheur) m’a permis d’atteindre les 66 000 mots sur Les Portes de Boistrel. À ce stade, je ne sais pas où va, mais on y va !
J’en suis à un nouveau stade de questionnement, d’autant que ce qui a tué mon personnage au tout début de l’histoire vient peut-être de commettre un autre forfait. (Pour ce personnage, je vous renvoie au tout premier extrait publié sur ce blog.)
Pour l’instant, ma préoccupation est de montrer aux lecteurs et lectrices qui a tué ce personnage, sans que les autres personnages, eux, le découvrent. Ainsi pourra se clore cette partie de l’histoire. (Car la véritable histoire, ce sont les voix.)
Me reste à déterminer, à ce stade :
Qui fait la découverte ?
Comment semer le doute chez les lecteurs et lectrices ?
Pourquoi l’assassin a-t-il agi ?
La vie de Jonah lui glissait entre les doigts comme le sable fin en marquant le temps. Un jour, le sablier serait plein du mauvais côté, celui de la fin, et Jonah redoutait de ne pas comprendre d’ici là ce qui lui arrivait. Feu son père, encore présent, lui aurait botté les fesses. Un Wallace, que diable ! Les réponses ne lui tomberaient pas du ciel, alors, il lui faudrait les chercher. Au cœur même de cette nuit de tempête s’il le fallait.
Il y avait cette femme au village – là où Jonah se vantait de ne pas descendre en dehors de ses missions pour le conseil municipal. Cette femme qui, disait-on, savait des choses. Jonah, lorsqu’il quittait Boistrel pour se mêler aux modestes gens, écoutait. C’était là une qualité rare que ne manquait jamais de souligner son père – avant de lui reprocher, d’un coup bien placé, de ne pas mieux l’employer. Ce don était précieux, au moins au temps que le sentiment d’être écouté et compris.
« Donne aux gens l’impression de les comprendre, et le monde sera à toi, fiston. »
Comprendre les parents inquiets à propos de l’école. Entendre leurs requêtes quant à la dangerosité de la rivière, là où avait failli mourir cet enfant sauvé par l’ancien maire. Appréhender les préoccupations des fermiers comme si elles eussent été siennes. Il perdait tout cela. Aujourd’hui, il entendait, mais n’écoutait pas. Les voix… Elles le faisaient frémir tout au fond de son lit comme l’enfant qu’il avait été, ce bon à rien que son père avait remis sur le droit chemin. Ce chemin que Jonah ne voyait plus, perdu dans les brumes, prisonnier de leurs entrelacs vaporeux comme autant de mains qui le retenaient.
Cette femme, au village, était son seul espoir. Il lâcha un ricanement à cette idée grotesque. Il allait s’en remettre à un charlatan. Il débourserait sans doute une petite fortune pour qu’elle lui dît ce qu’il voulait entendre. Elle pourrait lui raconter n’importe quoi, il se ferait bon prince, pourvu que leur entretien le rassérénât, car c’était, au fond, tout ce qu’il lui restait. Une fortune assez conséquente pour se permettre les écarts d’un vieil homme malade.
Aude Réco
Je suis autrice dans les genres de l’imaginaire à destination des adultes et des jeunes adultes.
Je suis adepte de méli-mélo temporel, de mondes aux contrées mystérieuses et, surtout, de maisons hantées et d’histoires de fantômes.
J’aime tout ce qui touche au passé et à la mémoire des lieux, aux secrets de famille et vieilles malles poussiéreuses pleines de souvenirs.