Précédemment, je vous ai expliqué ce qu’est le fusil de Tchekhov et ce qu’il représente en narration. Dans cet article, j’ai brièvement abordé la technique du hareng rouge en écrivant que le fusil de Tchekhov est une excellente base au hareng rouge. Il est temps de voir pourquoi.
Mener les lecteur·rice·s par le bout du nez
Mener les lecteur·rice·s par le bout du nez, c’est ce qu’on appelle la technique du hareng rouge. L’art de la fausse piste. Le détournement de l’attention.
C’est quand l’assassin présumé est innocent, quand la victime est aussi le ou la coupable, quand un personnage essaie d’en faire accuser un autre. (Peu importe l’acte, ça fonctionne en-dehors du roman policier.) C’est quand le personnage bizarre l’est parce qu’il vient d’assister à un truc horrible et non parce qu’il veut vous découper en petites rondelles (par exemple) et que le personnage gentil, hospitalier, lui, s’apprête à vous découper en petites rondelles.
Hareng rouge, fusil de Tchekhov et personnages
On a tendance à résumer le fusil de Tchekhov à l’utilité d’un objet ou d’une information, mais il en va de même pour les personnages. Un personnage est une information sur pattes. Il va surprendre des conversations, interpréter des bribes de phrases, une situation, spéculer… Dans tout ce qui lui passe par la tête réside la possibilité de glisser un fusil de Tchekhov. Il remplira ainsi la double fonction : avoir une utilité à un moment ou un autre du roman et ressembler à une fausse piste, puisque noyé dans des informations erronées ou proposé sur le ton de l’absurde.
Attention au piège !
Attention, néanmoins, à ne pas tomber dans le pièce qui confondrait fausse piste avec un bon gros « Ta gueule, c’est magique ». (Qui est l’expression consacrée quand il s’agit de ne pas expliquer quelque chose dans une œuvre de fiction et de ne pas s’en cacher.) Mais ceci est une autre histoire, que je vous conterai la semaine prochaine.