J’ai découvert l’univers des livres audio avec Bazaar, ce long, long roman de Stephen King. (Long, long roman pendant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde, je le précise.) Avant cette écoute, je ne connaissais l’histoire (même si « connaître » est ici un bien grand mot) que par le biais du film Le Bazaar de l’épouvante. (Lequel ne fait absolument pas honneur à la gestion brillante des personnages par l’auteur.)
Dans ce roman, chaque évènement est programmé avec la précision d’un coucou suisse. Des innombrables personnages, aucun ne se ressemble. Chacun a ses particularités, ses déviances, ses passions, ses rêves, ses doutes… Et de ceux-ci découlent des rancœurs, des oppositions, des inquiétudes, des prises de position, des idées de vengeance… puis de meurtre… On assiste ici à une écriture très minutieuse des personnages et de ce qui fait ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent et ce qu’ils détestent. En ce sens, il rejoint ce que j’écrivais dans mon article sur la force des détails dans un roman. Le personnage de Leland Gant est surtout un prétexte pour exacerber les moindres désirs de chacun, puisqu’il ne fait, somme toute, que pousser les habitants de Castle Rock à affirmer leur volonté, à aboutir leurs rancunes inavouées, à céder la place à ce qu’ils renferment d’obscur en eux. (En se jouant d’eux, certes.) Ce roman est une écriture des innombrables natures humaines, et il est très réussi. (Et si vous souhaitez l’écouter, tester Audible avec lui, j’ajouterai que la narratrice est très agréable à entendre.)