Que vous écriviez dans les genres fantastique ou horrifique, ou que vous ayez seulement besoin de susciter la peur chez les lecteurs de façon ponctuelle, cet article vous donnera quelques astuces pour y parvenir. La peur est l’une des émotions les plus puissantes que nous puissions ressentir, et je vais vous montrer comment l’utiliser efficacement.
N’en faites pas trop
Quand je découvre des articles d’astuces pour susciter la peur chez les lecteurs, je constate toujours qu’il faudrait insérer des éléments de surprise, faire monter la tension, créer des personnages effrayants, voire employer des éléments traumatiques pour retenir l’intérêt.
Oui, mais non.
Si je devais ne vous donner qu’une seule astuce pour effrayer vos lecteurs, ce serait de ne pas trop en faire. Évitez la surenchère. Contournez les descriptions hyper détaillées qui éclipseront le sentiment de peur, l’angoisse, les doutes… N’abusez pas des éléments de surprise et n’hésitez pas à relâcher la pression pour venir intégrer une bonne grosse frayeur derrière.
En un mot comme en dix : tenez-vous-en aux fondamentaux.
Les fondamentaux pour susciter la peur chez les lecteurs
Commencez par vous demander ce qui vous effrayait quand vous étiez enfant. L’obscurité, je suppose. (Comme pour bon nombre d’entre nous.) L’inconnu, peut-être. Mais surtout, des choses banales du quotidien. Je me souviens que j’avais une peur bleue de la publicité pour le riz Taureau ailé quand j’étais petite. (Et du tablier de cuisine de mon père, sur lequel figurait un cuisinier en train de cuire dans son énorme marmite en fonte.)
Les éléments du quotidien
La définition du genre fantastique est l’intrusion d’éléments extraordinaires dans un contexte ordinaire. Si ces éléments extraordinaires découlent directement du quotidien, c’est encore mieux. (Comme quand j’imaginais que le taureau de la pub allait sortir de l’écran, à la façon de la fille dans The Ring – que je n’avais, évidemment, pas encore vu, à l’époque.)
Dans Ça, le personnage de Grippe-Sou a bien compris qu’il lui fallait puiser dans le quotidien des enfants pour les effrayer. Il emprunte aux films d’horreur qu’ils affectionnent. Il envahit, peu à peu, leur quotidien. (Souvenez-vous de la salle de bain ensanglantée de Bev, de son père qui s’essuie les mains sur la serviette imbibée, de sa salopette de travail tachée…)
La tension provient exactement de là où on l’attend, sans une multiplication des effets de surprise. (Qui, accumulés, rendraient l’histoire prévisible et ennuyeuse.) Elle provient des petites choses du quotidien, on sait qu’il va se produire un évènement, mais on ne sait absolument pas lequel. C’est ce qui le rend aussi effrayant.
Susciter la peur chez les lecteurs grâce à une tension bien maîtrisée
Pour ma part, je ne suis pas adepte des fictions qui alternent trop les scènes intenses et les scènes tranquilles. (En ce sens, je n’ai pas du tout aimé le premier film Ça de 2017 parce que je n’ai pas ressenti la présence de Grippe-Sou entre les scènes « flippantes », je n’ai pas été mal à l’aise. Et je trouve que, globalement, on était dans la surenchère.)
La tension, c’est comme le suspense, ça s’entretient. À la dose qui convient. Vos lecteurs et lectrices ne doivent pas oublier qu’elle est là, qu’elle plane, quelque part, sans forcément qu’il y ait une grosse explosion à un moment ou un autre.
Une tension maîtrisée est une tension dont on n’oublie pas la présence. Les personnages y flottent constamment, mais il n’y a pas besoin de l’évoquer sans cesse. C’est un tout : les personnages et ce qu’ils vivent, le contexte dans lequel ils évoluent et l’élément qui les effraie.
L’art subtil de susciter la peur chez les lecteurs
Susciter la peur chez les lecteurs est un numéro d’équilibriste, comme chaque fois que l’on en appelle à une émotion. Celle-ci se doit d’être la plus juste possible. Elle ne devra pas prendre toute la place et elle correspondra au profil du personnage qui la ressent. (Certains crieront, d’autres, non.) Pour autant, on ne peut pas faire l’impasse sur ce que nous-mêmes ressentons face à la peur, sur la manière dont nous réagirions à la place de nos personnages.
Pour approfondir le sujet, je vous invite à écouter l’épisode 2 de mon podcast Bazar & Fictions, dédié à la peur dans la fiction.