Si vous écrivez, vous envisagez, peut-être, d’en arriver à une éventuelle publication de votre œuvre.
À l’heure où un simple clic permet d’accéder à une information, il n’a jamais été aussi difficile de s’y retrouver parmi les différents moyens de publier son livre. Entre « traditionnel » et arnaques, je vous décortique tout.
4 FAÇONS DE PUBLIER SON LIVRE (OU PAS)
Cet article se découpera en cinq parties (au même titre que la vidéo de ce soir, qui résumera tout ceci) :
- le compte d’éditeur
- l’autoédition
- le compte d’auteur
- le compte de lecteurs
- les prestataires de services
Le compte d’éditeur
Publier son livre à compte d’éditeur est le procédé le plus répandu.
L’auteur·rice envoie son manuscrit à plusieurs maisons d’édition, parmi lesquelles une acceptera de le publier. Dès lors commence un long procédé, qui ira d’éventuelles négociations du contrat (si vous vous sentez à l’aise avec ça) à la publication, en passant par la conception de la couverture, les corrections…
À aucun moment, l’auteur·rice ne débourse d’argent. Si la maison d’édition vous demande un chèque ou un virement, fuyez, c’est du compte d’auteur. Pareil si elle vous demande un nombre minimum de précommandes, voire d’acheter des exemplaires de votre propre livre, là, on parle de compte de lecteurs. (Mais je détaille plus bas.)
En résumé : l’auteur·rice ne paie rien, si ce n’est l’envoi de son manuscrit par la Poste.
L’attente d’une réponse est souvent longue, allant, parfois, jusqu’à plusieurs années. Souvent, les maisons d’édition ne répondent que par lettre-type, voire ne répondent pas, faute de temps.
Si aucune n’accepte votre manuscrit (et si vous refusez de vous remettre en question, ce qui peut aider), l’autoédition vous tentera peut-être.
Publier son livre en autoédition
L’autoédition est l’exacte opposée de l’édition à compte d’éditeur. (Ou « édition traditionnelle ».)
Là où un·e éditeur·rice prendra en charge la conception de l’ouvrage, sa mise en vente et sa promotion, l’autoédition implique que l’auteur·rice s’en occupe directement. Iel peut, évidemment, s’entourer d’illustrateur·rice·s, de graphistes, correcteur·rice·s, imprimeurs, mais il lui reviendra de payer les frais, en plus d’endosser la partie technique. (Maquette, impression, promotion…)
En résumé : l’autoédition peut coûter cher, surtout si vous ne vous renseignez pas avant, mais la qualité a un prix.
Je reviendrai sur le cas particulier des prestataires de services plus bas.
Publier son livre est, pour beaucoup, un rêve, et, le problème avec les rêves, c’est leur inaccessibilité. À mesure que les maisons d’éditions vous ferment leur porte et que l’autoédition vous paraît trop compliquée germe l’idée de vous débrouiller autrement.
Publier son livre à compte d’auteur
Le compte d’auteur est un mélange entre de la pseudo autoédition (très onéreuse) et le compte d’éditeur que ces plateformes font miroiter aux crédules, aux impatient·e·s et à celleux qui sont mal renseigné·e·s sur la réalité du milieu de l’édition.
Le compte d’auteur est ce que j’appelle un « prestataire de non-services », dans le sens où, finalement, on ne sait pas trop pour quoi on paie.
Généralement, le site se présente comme une formidable vitrine et vante la qualité de ses ouvrages et de sa promotion. (Ah, la promesse d’être représenté·e dans un grand salon du livre !) À noter que, la plupart du temps, ces entreprises arborent l’appellation de « maisons d’édition », ô combien trompeuse.
Parmi elles, vous trouverez :
- la Société des Écrivains : « L’excellence de l’édition »
- les éditions Sydney Laurent : elles mettent en valeur un « processus d’édition » qui ressemble, à s’y méprendre, à celui d’une maison d’édition traditionnelle
- les éditions Vérone : mettent en avant les canaux de distribution des livres (sachant qu’un prestataire de services remplira les mêmes conditions, mais pour moins cher)
- les éditions Baudelaire : « Faites éditer votre livre, envoyez votre manuscrit en toute confiance »
- les éditions Persée : avec son slogan « L’écriture prend vie », elles insistent sur le désir de publier des auteur·rice·s.
En résumé : payer des sommes à quatre chiffres à une maison d’édition n’est pas habituel. L’autoédition vous épargnera une telle dépense.
Il en existe une foultitude, à la dénomination foireuse et au professionnalisme qui se limite à se remplir les poches. Celui ou celle qui a de l’argent pour publier son livre à compte d’auteur en a assez pour l’autoédition.
Mais le compte d’auteur se partage le podium avec le compte de lecteurs, beaucoup moins connu et plus subtil, puisqu’il ne vous demande pas d’argent.
Publier son livre à compte de lecteurs
Le compte de lecteurs est plus inventif dans sa manière de promettre monts et merveilles aux auteur·rice·s.
La maison d’édition se présente comme n’importe laquelle… à la différence qu’elle ne vous publiera que si vous lui constituez un lectorat de base. Au lieu de payer des sommes astronomiques, vous fournissez un manuscrit qui devra plaire (via les précommandes) pour paraître. Ici, la pseudo maison d’édition ne prend pas de risque, ce qui est aux antipodes du rôle d’une maison d’édition traditionnelle.
En résumé : une « maison d’édition » qui vous demande un lectorat de base pour publier votre manuscrit n’est pas une maison d’édition à compte d’éditeur, mais de lecteurs.
Considérée comme de l’édition participative, elle n’en reste pas moins abusive pour les auteur·rice·s et s’éloigne complètement du rôle réel d’une maison d’édition : publier un manuscrit sans aucune condition, si ce n’est celles liées à la présentation dudit manuscrit. (Corrections, validation du Bon à Tirer…)
Outre ces quatre façons (plus ou moins douteuses) de publier son livre, il existe une catégorie que je préfère mettre à part : les prestataires de services.
Les prestataires de services
Les prestataires de services ne sont ni des maisons d’édition ni des agent·e·s littéraires, contrairement à ce que certains peuvent laisser entendre.
Quand une « maison d’édition » vous propose de payer 100 € pour ajouter une couverture à votre livre, c’est un prestataire de services.
Quand une « maison d’édition » vous propose des services en sus (corrections, accompagnement professionnel, mise en page…), c’est un prestataire de service.
Quand une « maison d’édition » vous propose des packs selon vos attentes, c’est un prestataire de services. Un·e éditeur·rice traditionnel·le s’en chargera sans que vous ne déboursiez rien.
En résumé : une « maison d’édition » qui vous propose de commander un pack ou un accompagnement éditorial n’est pas une maison d’édition.
Notez que certaines maisons d’édition ont un partenariat avec certains prestataires de services, vers lesquels elles n’hésiteront pas à vous renvoyer avec un code promotionnel. Réfléchissez bien avant de vous engagez là-dedans, ce n’est peut-être pas l’idée du siècle. (Surtout si l’autoédition ne vous intéresse pas, ne foncez pas en vous disant que vous tenez là votre chance. Si vous voulez vraiment cette chance, créez-la, plutôt.)
Maintenant, vous savez tout des subtilités pour pousser un·e auteur·rice à publier son livre.
Je vous laisse avec un formulaire de contact, tout en bas, pour que vous me posiez vos questions éventuelles (au besoin, je viendrai compléter cet article), un résumé et une rubrique pour aller plus loin.
En résumé : si une « maison d’édition » vous demande plus que votre manuscrit (argent ou lectorat), ce n’est pas une maison d’édition traditionnelle. Ne payez que pour des services clairs et en vous étant renseigné·e·s au préalable. Il y a fort à parier que l’autoédition vous reviendra moins cher qu’une publication à compte d’auteur.