Je vous parle de ma Sainte Trinité : ces livres qui m’ont donné envie de devenir autrice. Non, qui m’ont convaincue de devenir autrice.
Quelle que soit leur histoire et ce qu’ils représentent aujourd’hui, je ne peux pas nier leur impact sur celle que je suis devenue. Je ne relirai jamais deux d’entre eux – dont l’un qui figurait parmi mes préférés –, et c’est ainsi, ça fait partie du jeu, du processus quand on grandit.
Pour ma fin de CM2, j’ai reçu un livre : La Sixième, de Susie Morgenstern. Une horrible lecture pour moi, qui aie reçu ce livre, précisément, car j’étais une grosse lectrice. Ce roman représente tout ce que je ne voulais pas écrire, déjà à l’époque. J’avais gribouillé une histoire de sorcière cachée sous le jardin de jumelles, une autre avec une tempête qui ramenait le fantôme d’un petit garçon assassiné. Ça manquait de consistance, mais c’était ce que je voulais faire.
L’autre élève, elle, a eu la chance de recevoir un Chair de poule : La Fille qui criait au monstre.
C’est cette déception qui a lancé mon amour des Chair de poule. Parce que cette série de livres dont je dévorais les tomes en même pas une après-midi était l’exemple parfait de ce que j’avais envie de lire. Et de ce que j’avais envie d’écrire. Des histoires qui font peur, qui mettent en scène tout un tas d’évènements qui ne sont pas censés se produire.
J’ai logiquement commencé par La Fille qui criait au monstre, mais mon favori, encore à ce jour, reste La Maison des morts. Le twist final me paraissait dingue, à l’époque. (Comme pour le film Les Autres, je n’avais jamais vu/lu ça.)
Année suivante, j’entre en Cinquième. J’ai 11 ans, le même âge qu’un célèbre personnage à lunettes rondes dans le premier tome de ses aventures.
Vous avez sans doute reconnu Harry Potter. Le Prisonnier d’Azkaban est de loin mon préféré grâce aux Détraqueurs. Pour une fois, ça allait plus loin que dans les Chair de poule. Il y avait du malaise, celui que l’on ressent face à un cauchemar personnifié. Je l’ai lu je ne sais combien de fois, cachée sous ma couette, à la lueur de la grosse lampe de poche de mon père. (Ma mère m’a chopée, une fois. Est-ce que j’ai récidivé ? Évidemment.)
Ce roman reste, je crois, le plus important dans ma construction d’autrice, même si je sais que je ne le relirai plus, car je ne cautionne pas la transphobie de l’autrice. (Non, je ne sépare pas l’œuvre de l’artiste. Jamais.)
Ces trois romans m’ont appris ce que je voulais écrire et qui je ne voulais pas être. Ils ont nourri ma préférence pour le genre fantastique et ont, à leur manière, donné naissance aux Murmureurs avec cette minuscule île hostile, à Harmonie et ses Échassiers, fantômes de brume en pleine Irlande médiévale. (Les premiers chapitres sont en lecture libre ici.)
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