Qu’on se lance dans l’écriture ou que l’on soit un·e habitué·e, la naissance des idées de roman paraît souvent très aléatoire. Il existe pourtant des moyens pour les gérer.
De la viabilité des idées de roman
Je parlerai essentiellement des procédés que j’utilise, dont certains depuis un bon moment. Quelques-uns nécessitent une application, mais la plupart se contentent d’un carnet, d’un post-it ou, simplement, de sa cervelle.
Jeudi, je laisserai une vidéo, à la fin de l’article, sur la tenue de mon carnet d’écriture. (A.k.a le joyeux bordel qui me trotte dans la tête depuis assez longtemps pour devenir des projets.)
Mais, avant de se lancer tête baissée dans l’exploration de la gestion de ses idées, parlons un peu des idées en tant que telles.
Bien souvent, la première chose que l’on se dit quand on a une idée de roman, c’est : « Oh, chouette, ça va être super si je fais ça, ça, ça ! » Dans l’idéal, on devrait plutôt se poser la question de la viabilité de cette idée. Plus encore lorsqu’il s’agit d’une association d’idées de roman.
Qu’est-ce que la viabilité d’une idée ?
Oh, l’épineuse question que voilà ! Épineuse, car tout dépend de ce que vous voulez faire de votre idée :
- l’exploiter telle quelle
- l’associer à d’autres idées de roman
- la répartir sur plusieurs tomes…
Quel que soit votre objectif, sachez que c’est encore trop tôt ! Seule la maturation pourra déterminer si votre idée a une chance de fonctionner. Et une idée qui fonctionne, c’est une idée qui évolue, à l’image de l’intrigue qu’elle sert et de son auteur·trice.
Mais revenons-en à la viabilité d’une idée.
Selon ce à quoi vous la destinez, une idée devra (re)lancer l’intrigue de votre roman, la résoudre, amener des tensions, introduire une ambiance, porter votre roman… Une idée peut avoir mille et un apports ou impacts. (Ne vous lancez pas dans les comptes, j’ai écrit ça par habitude.) Surtout, une idée n’aura qu’un seul objectif : servir celui pour lequel elle existe. (En plus de se dédouaner de l’originalité chimérique que la croyance populaire lui insuffle.)
Qu’est-ce qui fait l’idée ?
Une idée n’est pas unique. Depuis le temps que la fiction existe, une idée ne peut pas être unique. C’est la façon dont on l’exploite qui la rend intéressante, voire viable.
Une idée de base ne vaut rien. On pourrait la comparer à un diamant brut. Elle n’est qu’un gros caillou qui ne demande qu’à être taillé. L’idée a besoin d’être confrontée à son environnement (votre intrigue) pour être éprouvée. Une idée a besoin d’autres idées pour fonctionner. Une idée a besoin d’un moteur, d’un but à atteindre et de développement. (J’y reviens.)
La maturation d’une idée
Avoir une idée, c’est bien. Pour certain·e·s, c’est révolutionnaire. Pour d’autres, c’est de l’ordre de la routine. (J’appartiens à cette catégorie.)
Avant de nous pencher sur la gestion des idées de roman au quotidien, il faut souligner l’importance de leur maturation.
Je l’écrivais plus haut, une idée telle quelle n’est qu’un caillou grossier qui a besoin qu’on l’affine, qu’on lui donne tout son attrait. Une idée, combinée à l’intrigue, aux personnages, au contexte, bref, à tout ce qui fait un roman, doit être attrayante, bien dosée et utile. Surtout, elle doit avoir fait son chemin avant de se retrouver dans votre manuscrit. Personnellement, je peux laisser mûrir mes idées de roman pendant plusieurs mois avant d’en commencer l’écriture. (Quand on vous dit qu’écrire, c’est énormément de patience !)
Concrètement, comment gérer ses idées de roman ?
Pour les auteur·e·s qui, comme moi, doivent jongler avec dix idées à la semaine (si, ça existe, j’exagère à peine), il est important de pouvoir les trier selon :
- leur ampleur : un one-shot ou une trilogie ?
- leur nature : concernent-t-elles un personnage, un groupe de personnages, un retournement de situation, une révélation… ?
- l’urgence que vous leur attribuez : se prêtent-elles à un texte dont la deadline est pour avant-hier ou avez-vous le temps d’y réfléchir ?
La technique du post-it
Ce que j’appelle « technique du post-it » est toute simple : attribuer une idée par post-it, quel que soit son stade de développement, et y combiner les idées futures susceptibles de l’alimenter.
Classer ses idées de roman
Un roman est un support structuré que vous développerez au fil de l’intrigue. À ce stade, on peut même parler d’ébauche, voire de plan, selon l’avancée de vos idées.
Classer selon un déroulé plus ou moins précis
La méthode du flocon préconise une structure en trois actes :
- la situation initiale
- la péripétie 1 ou élément perturbateur
- la péripétie 2
- la péripétie 3 ou climax
- la résolution finale.
Classer vos idées de roman selon le découpage de celui-ci est une très bonne idée, qui permet de procéder de façon intelligente et de se rendre compte de la place que peut occuper chaque idée.
Cette classification est aussi idéale dans le sens où elle propose une vue d’ensemble de son roman, des éléments qu’il reste à déterminer et à intégrer. Enfin, elle fait état de la logique à suivre pour lier ces éléments entre eux et combler les vides.
Cependant, c’est à condition d’en connaître un minimum sur son intrigue.
Classer quand on ne connaît rien de son intrigue
Pour celleux qui ne connaîtraient pas encore les détails de leur intrigue (tout le monde passe par là), une simple liste se révélera utile et vous libérera de la mémoire, si vous êtes du genre à en avoir besoin.
Néanmoins, plutôt que modifier et raturer cette liste à l’infini (ou presque), je vous conseille d’utiliser votre traitement de texte ou, pour plus de mobilité, une application.
Trello m’est très utile au quotidien. Application très simple d’utilisation et minimaliste, elle est aussi disponible en ligne, le tout gratuitement. Ainsi, pas besoin de checker vos listes sur le Smartphone, alors que vous travaillez sur votre ordinateur.
Classer quand on ne connaît qu’une partie des éléments de l’intrigue
J’en reviens à ma technique des post-it, mais d’une manière différente.
Ici, chaque idée tiendrait sur un post-it. Surtout, chaque idée serait déplaçable plus ou moins à volonté, c’est-à-dire sans entraver le bon déroulé de l’intrigue.
Cette méthode permet de tester diverses combinaisons, tout en gardant une vue d’ensemble sur les friches de son roman. Il suffit parfois d’un rien pour relancer une intrigue, opposer/réconcilier des personnages, ajouter le point de tension qui manquait cruellement à une scène ou deux…
D’autres, comme moi, se passent très bien des post-it pour déplacer des éléments, mais sachez que cette technique peut se prolonger sur tout le roman, voire les corrections. En effet, il n’est pas rare de devoir avancer ou reculer un élément dans son intrigue, en pleine phase de corrections, et, là, c’est toute la structure qui risque de s’écrouler dans un fatras d’incohérences si on n’y prend pas garde.
Je vous ai exposé, dans cet article, les procédés que j’utilise pour trier mes idées, mais il en existe autant qu’il existe d’auteur·rice·s.
Pour approfondir le sujet, j’ai posté une vidéo sur mon carnet d’écriture, la façon dont je le tiens et celle dont je détermine qu’un projet en est vraiment un.