Écrire une scène difficile, chaque auteur·rice en passe par là. Une scène qu’on ne sait pas par où commencer, une scène de révélations, d’ouverture… À chaque auteur·rice son lot de scènes difficiles à mettre en place, mais elles font partie du jeu, et je vous propose quelques tuyaux pour contourner la difficulté.
ÉCRIRE UNE SCÈNE DIFFICILE OU COMPLIQUÉE
Avant de commencer, il est important de toujours vous souvenir qu’une scène ratée, ce n’est rien. Vous aurez largement l’occasion de la retravailler et de solliciter de l’aide. (Il y en a plus dans deux têtes que dans une, n’est-ce pas ?)
ÉCRIRE UNE SCÈNE DIFFICILE : TROUVER LE BON BOUT
Quand on écrit une scène difficile, bien souvent, on ne sait pas par où la commencer. Elle est tellement claire dans notre tête qu’une fois sur le papier (ou l’écran), elle ne répond pas à nos attentes. C’est le problème type du premier jet : la volonté d’avoir immédiatement un (bout de) texte parfait.
Trouver le point par lequel débutera votre scène ne signifie pas que vous devez commencer par le début. Si un dialogue final qui vous vient en premier, ne vous privez pas de l’écrire. Souvent, tremper un orteil dans l’eau ne convainc pas à y enfoncer tout le pied, mais, si vous l’y mettez tout de suite, vous n’hésiterez plus.
PEU IMPORTE PAR OÙ VOUS COMMENCEZ VOTRE SCÈNE
Commencez par un morceau qui vous met à l’aise, un personnage dont vous connaissez le ton, une description, même très mal écrite et absolument pas vivante… Accordez-vous le temps de la réflexion… plus tard.
Pour l’heure, votre scène vous attend, et si, vraiment, vous ne voyez pas par où commencer, déterminez la cause de votre blocage.
ÉCRIRE UNE SCÈNE DIFFICILE APRÈS AVOIR DÉTERMINÉ LA SOURCE DU BLOCAGE
Déterminer la source de votre blocage est une aide inestimable. Qu’est-ce qui vous empêche d’écrire ? Pourquoi avez-vous l’impression d’écrire une scène difficile ? Savez-vous seulement comment l’aborder ?
Posez-vous toutes les questions que vous estimez nécessaires. En voici une liste, non exhaustive, bien sûr :
- Avez-vous peur d’écrire n’importe quoi, de manquer de respect à une communauté ? Avez-vous le sentiment d’aller trop loin ?
- Le contenu de la scène est-il dur psychologiquement, violent… ?
- Manquez-vous d’informations pour écrire la scène ? Avez-vous effectué toutes vos recherches en amont ?
- Visualisez-vous la scène ou des zones de flou demeurent-elles ? Que savez-vous concrètement de cette scène ?
- Savez-vous où se situe la scène dans votre texte ?
- Connaissez-vous les enjeux de la scène ? À quoi mènera-t-elle ?
- Avez-vous l’habitude d’écrire ce genre de scène ou est-ce nouveau ? (Les scènes de tension, ça me connaît, à force d’écrire du fantastique/gothique, mais demandez-moi une scène érotique pour voir…)
Déterminer quel blocage vous empêche d’écrire votre scène n’est pourtant pas la seule option.
CHANGER SES HABITUDES D’ÉCRITURE
Changer vos habitudes d’écriture peut être un moyen de vous concentrer sur l’essentiel. Écrire une scène difficile équivaut à quitter sa zone de confort. Des scènes de ce type, j’en ai écrit des tas, et j’ai remarqué que pousser l’exercice à son paroxysme crée souvent une sorte de fracture avec ses propres conditions d’écriture.
Changer vos habitudes d’écriture revient à faire table rase. Vous mettez de côté vos prérogatives pour partir sur du neuf. C’est rassurant dans le sens où vous ne pouvez pas vous tromper, puisque vous n’avez plus de point de comparaison.
LA COMPARAISON, C’EST MAL
Beaucoup vous diront que lire, lire et lire vous aidera à appréhender les scènes compliquées. Évidemment, mais attention à ne pas tomber dans le piège de la comparaison à tout prix.
Un·e auteur·rice n’en est pas un·e autre. Un texte non plus, alors, est-ce que, finalement, votre scène ne souffre pas d’un excès de comparaison ?
Par ailleurs, ne nourrissez pas votre syndrome de l’imposteur ; il a largement de quoi faire avec tout le reste. Soyez confiant·e. Fixez-vous un objectif réalisable. Assurez-vous d’avoir tout ce qu’il faut pour écrire votre scène et lancez-vous. (Surtout, rappelez-vous que vous n’avez pas à réussir du premier coup. Une scène, ça se retravaille.)
ÉCRIVEZ, ÉCRIVEZ, ÉCRIVEZ !
Rome ne s’est pas construite en un jour. Votre roman non plus. Pareil pour votre scène, et c’est d’autant plus vrai pour vous-même. L’indulgence vous permettra de ne pas vous focaliser sur le négatif.
Votre scène est écrite avec les pieds, et alors ? Pour l’instant, elle vous appartient encore ; saisissez l’opportunité de la retravailler. Écrivez plusieurs versions, s’il le faut. Travaillez la disposition des personnages, le cadre, le contexte, les enjeux, le rythme… Pas tout en même temps. Lisez à voix haute, mettez-vous dans la tête d’un·e lecteur·rice, analysez la scène et recommencez.
Écrire une scène difficile n’est pas l’apanage des auteur·rice·s qui publient depuis longtemps ou beaucoup. L’expérience suffit, que vous écriviez dans votre coin ou publiez à tour de bras. Le nombre de publications ne fait pas la valeur d’un livre, d’un récit.
Mettez ce que vous avez de mieux dans chacune de vos intrigues. Placez-la au cœur de vos réflexions et travaillez votre scène en conséquence. Et si vous débutez votre texte, dites-vous qu’il faut bien commencer quelque part.
LE CAS DE CES TEXTES QUE L’ON COMMENCE
Commencer un texte est le passage obligé de tout·e auteur·rice, et ce n’est pas plus facile parce qu’on s’appelle Truc ou Muche.
Que vous écriviez dans un genre pour la première fois, que vous changiez de point de vue, que vous passiez du passé au présent (ou vice-versa)… la difficulté dépendra surtout de la façon dont vous avez préparé le texte, plus encore de la voix que vous donnerez à vos personnages.
CES PERSONNAGES QU’ON ÉCRIT POUR LA PREMIÈRE FOIS
Écrire une scène difficile l’est essentiellement par rapport à la voix que vous donnez à vos personnages. Du moins au début.
Vos personnages portent le récit. Læ lecteur·rice se souviendra de leur voix, de leurs idées, leurs idéaux, leurs combats et leurs espoirs. Trouver la voix qui conviendra à chacun d’eux n’est pas toujours une partie de plaisir.
Mêler ces voix entre elles, à l’intrigue, au contexte ajoutent à la difficulté. Néanmoins, c’est aussi parce qu’écrire une scène difficile forge ces voix que ça en rend le texte plus vivant et authentique.
Écrire une scène difficile est inévitable, même si l’on écrit depuis des années. Avec cette expérience, toutefois, vous apprendrez à déterminer ce qui vous bloque.
Écrire une scène difficile fait partie de l’apprentissage d’un·e auteur·rice, qui, rappelons-le, apprend tout le temps.
Vous pouvez cependant solliciter un regard extérieur, voire un accompagnement pour comprendre vos propres mécanismes de blocage et d’écriture. (N”hésitez pas à me contacter pour que nous en discutions en appel vidéo ou IRL selon votre géolocalisation.)