Nouveau mois, nouvelle thématique : écrire les émotions sans se laisser distraire par les siennes. Vaste programme ! Parce que les écrire est déjà une difficulté en soi. (Il en existe tellement qu’il est parfois compliqué de les décrire avec justesse.) Et parce qu’écrire une émotion contraire à ce que l’on ressent n’aide pas.
Les émotions des personnages vs. celles de l’auteur·rice
Pour écrire toutes ces émotions, il faut bien distinguer celles des personnages et les tiennes. Tes émotions actuelles ne sont pas celles de tes personnages. Tes personnages éprouvent des émotions propres, lesquelles se raccordent au contexte de ton roman. Ces émotions intègrent la cohérence de tes personnages, aussi tu ne pourras pas les faire rire aux éclats s’ils sont d’un naturel maussade ou sérieux. (Est-ce que tu vois Dumbledore rire aux éclats, toi ? Moi, non.)
Ces émotions dépendront du contexte de ton roman, donc, mais, aussi, d’autres éléments :
- Ce que ressent le personnage
- Ce qu’est fondamentalement le personnage, son caractère (s’il est d’un naturel rieur ou non…)
- Ce que traverse le personnage (s’il vient de remporter une victoire, même si tu ne partages pas sa joie, il te faudra bien séparer vos ressentis)
- Les enjeux qui concernent le personnage (est-il du genre à user de l’humour pour se détendre dans une situation délicate ?)
- Les valeurs du personnage.
Je reviendrai plus en détail sur tous ces éléments dans l’article de la semaine prochaine, puisque nous nous pencherons davantage sur l’écriture des émotions en tant que telles.
Se distinguer des personnages
On ne tient pas toujours une forme olympique quand on commence une session d’écriture. On n’a pas toujours envie de l’écrire, cette scène qui traîne depuis plusieurs jours. Et on n’arrive pas forcément à se mettre dans l’humeur des personnages pour écrire des émotions les plus justes possible. C’est normal, ça arrive. Pourtant, il faudra bien s’y mettre, même si nos propres émotions prennent de la place.
Pour écrire les émotions sans se laisser distraire par les siennes, j’ai trois outils :
- Mon journal d’autrice : il me permet de me décharger de mes pensées parasites, mais, aussi, de certaines émotions susceptibles d’entrer en conflit avec celles de mes personnages, avec mon écriture en général
- Les scènes au brouillon : si, vraiment, mes émotions se mettent en travers de celles de mes personnages, soit, c’est l’occasion d’écrire une ou plusieurs scènes dans lesquelles mes personnages éprouveront mes émotions. Le résultat est plus concret que me dire que ça ne fonctionnera pas, puisque je le constaterai de mes propres yeux. (Relis le résultat à voix haute, si tu as l’occasion de tester cette astuce ; tu verras que, la plupart du temps, ça ne colle vraiment pas.) Et si, au contraire, tu obtiens un résultat pertinent, alors, tu pourras explorer une nouvelle facette de tes personnages
- Les fiches-personnages : c’est LA technique de base, que tu connais sûrement si tu prépares un minimum tes romans. Les fiches-personnages sont l’identité de tes personnages. Elles décrivent leur chemin parcouru, leur caractère, leur place au sein de la société, au sein de leur famille…
Une fois ses propres émotions mises de côté
Une fois ses propres émotions mises de côté, il n’y a plus qu’à écrire. Enfin, plus facile à dire qu’à faire, bis repetita.
Là aussi, j’ai trois astuces qui devraient te permettre de séparer tes émotions et celles de tes personnages : séparer l’endroit où tu vis de l’endroit dans lequel tu travailles. Tu peux
- dédier un espace, voire une pièce à ton écriture : depuis que j’ai un bureau (la pièce) pour écrire, j’ai beaucoup moins de mal à séparer le personnel et le professionnel
- choisir un rituel précis si tu n’as pas la possibilité d’aménager un espace pour écrire : ce rituel marquera le début de ta session d’écriture et te permettra de dresser une limite à tes émotions personnelles
- opter pour des horaires précis : avant ou après, c’est le personnel ; pendant, c’est l’écriture.
Cette semaine, dans ta boîte à outils
Cette semaine, dans ta boîte à outils, j’ai décidé de te donner une ultime astuce pour ne pas te laisser distraire par tes émotions : écrire selon tes propres émotions. Si tu passes un cap difficile, transfère tes émotions à tes personnages pour te libérer de la culpabilité de ne pas écrire. (On se reproche souvent de ne pas aller assez bien pour écrire, mais il est inutile de forcer, d’où mon astuce.)
Je t’invite aussi à écouter ou réécouter un épisode bonus de mon podcast, Créactivité : « Se créer une bulle d’écriture ». (Sur ta plateforme d’écoute habituelle, sur Podcastics ou ici même.)
Des émotions en adéquation avec les personnages
La semaine prochaine – comme indiqué plus haut –, je reviendrai sur les émotions propres aux personnages, sur ce qui fait que ces émotions sont en adéquation avec eux. Je te confierai mes astuces pour leur créer un panel d’émotions qui ne corresponde qu’à eux et qui participe à l’intrigue, toujours sans y intégrer tes émotions à toi.