Aussi loin que je me souvienne, divertir par la fiction a toujours été naturel pour moi. J’ai écrit ma première histoire à l’âge de huit ans, sur un ordinateur portable pour enfants, les mercredis après-midis, dans la cuisine de mes grands-parents maternels. C’était cette histoire de jumelles qui découvrent qu’une sorcière vit sous leur jardin et, surtout, qu’elle ne ressemble pas du tout au portrait qu’en dressent les contes.
Déjà, à l’époque, je n’écrivais pas ce qu’on appelle de la « blanche », ce terme fourre-tout qui recense tous les livres qui n’entrent pas dans un genre préétabli. (Comme l’imaginaire ou la biographie, par exemple.) Je ne mélangeais pas encore les genres non plus, mais j’ai très vite eu une prédisposition à écrire du fantastique. Je pense que mes lectures (et nombreuses relectures) des Spooksville et des Chair de poule, puis de Stephen King et les films de Tim Burton, plus tard, ont bien participé à ce gloubi-boulga créatif.
Des cow-boys solitaires, des cyborgs, des IA à la fiabilité douteuse, des dirigeables pour Ocre rouge.
J’ai toujours écrit de manière visuelle, à trop décrire spécifiquement à l’étape du premier jet (c’est-à-dire l’écriture du roman), puis à broder autour dès la première relecture. Je décris comme si je voyais la scène d’une série télé se dérouler sous mes yeux. Je pense que cette façon d’écrire participe grandement à mon plaisir du mélange des genres. Ce n’est pas pour rien que je citais Tim Burton, plus haut. Ses films sont d’une richesse visuelle incroyable ! C’est d’ailleurs à cette richesse (en partie) que l’on reconnaît immédiatement sa patte.
Quand j’écris du fantastique (romance ou pas romance), je travaille beaucoup sur les recoins d’obscurité, sur les ombres, sur ce tout petit élément qui bouge dans le coin de l’œil. Et l’aspect romance n’éclipse absolument pas ce qui fait que j’aime un bon roman de fantastique : la peur qui se fait une place de plus en plus importante, les sursauts d’angoisse, les découvertes inopinées…
Cœur sommeil est un roman gothique que j’ai avant tout pensé comme une romance. Dans ma tête, il y avait très nettement Judith, muette, qui se met soudainement à parler en présence de son nouveau voisin, Griffin. Les sanglots qu’elle entend dans les couloirs de Mill’s Manor et tout le reste n’empêchent pas la romance de se tisser.
Pour moi, écrire, c’est expérimenter par le biais d’histoires. (Des romans, la plupart du temps.) C’est casser les codes et mélanger les genres. C’est refaire le monde, d’une certaine façon. Alors, je me suis vite orientée vers des histoires moins mono-genre.
Je me retrouve ainsi avec un western steampunk sur une autre planète, un roman fantastique qui se déroule dans la période de l’entre-deux guerres, un roman de fantasy dont certaines scènes tendent vers l’horreur. (Ça, c’est pour celui que j’écris en ce moment.)
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