L’Angleterre victorienne est cette période fascinante où se mêlent révolution industrielle, émancipation de la femme (le début, du moins) et sciences occultes. Nul n’ignore l’intérêt d’Arthur Conan Doyle pour le spiritisme. Nul n’ignore non plus l’existence des photographies post-mortem, curiosité de l’époque consistant à se faire prendre en photo avec un(e) défunt(e) mis en scène. Mais au-delà du portrait que nous dressent les romans, films et séries télé, quelles histoires passionnantes nous content les livres et revues documentaires ?
Quand j’ai commencé à écrire Cœur sommeil, en 2015, j’ai dû sérieusement me mettre en quête d’informations plus complètes sur l’Angleterre victorienne que celles dont je disposais alors. Très vite, deux livres et une revue se sont démarqués : un numéro du magazine Historia, dédié à Assassin’s Creed Syndicate, Les Bas-fonds de Londres sur la “société cachée” de Londres et L’Angleterre victorienne, qui s’attache surtout à la condition des femmes, des Irlandais et des ouvriers.
LONDRES, CAPITALE DU MONDE (1837-1901) – HISTORIA
En octobre 2015, Historia sort son quatrième hors-série, consacré au Londres victorien, et par extension à l’Angleterre victorienne, avec la collaboration d’Ubisoft. Articulé autour d’Assassin’s Creed Syndicate, il dévoile les plaisirs de l’aristocratie londonienne, raconte l’effervescence qui l’habite et la mutation qui s’opère, et s’enfonce dans les quartiers pauvres. Écrivains, chemin de fer, avènement de l’acier, asiles des pauvres… toutes les facettes de ce qu’était la capitale du monde, rayonnante en apparence, sont décrites dans cette revue.
Il existait mille et une façons de s’occuper, Judith se le prouvait chaque jour en s’appliquant sur ses travaux d’aiguille, en dévorant plus de livres que nécessaire. Muette, elle ne s’adonnait pas au chant et avait abandonné le piano, car ne pouvant poser sa voix sur les morceaux qu’elle interprétait. Pour le reste, les cartes, dominos et échecs comblaient les instants inoccupés de la journée, quand elle ne prenait pas quelque repos.
– Cœur sommeil – romance gothique – parution le 17 août.
LES BAS-FONDS DE LONDRES
Ce livre de Kellow Chesney grouille d’informations sur les bas-fonds de Londres, tout comme ceux-ci grouillaient de toutes sortes de canailles et miséreux : la pègre, les cambrioleurs, les pickpockets, les prostituées, les mendiants… Tous font partie du paysage victorien, mais sont malheureusement souvent relégués au second plan pour une énième mise en avant de la respectable société.
Moi-même, dans Cœur sommeil, j’ai choisi de ne pas m’y attarder, mais c’est pour mieux y revenir dans une autre romance. Cœur sommeil ne s’intéresse pas à la décadence du corps, mais à celle de l’esprit.
Les bas-fonds de Londres m’a néanmoins particulièrement aidée pour décrire le Londres de Judith et Griffin. Il en dresse un portrait saisissant de réalisme, foisonnant de détails, d’odeurs, de sons.
Une forte odeur de cheval parvint au jeune homme, tandis qu’il longeait la courbe malodorante de la Tamise. Un autre Londres s’articulait autour de lui, un quartier sordide s’animait, tout juste jailli des champs. Immigrés et miséreux le bousculèrent dans des allées étroites, des cadavres jonchaient le sol. Le spectre de la peste bubonique flottait sur la ville, déposant dans son sillage le parfum faisandé de la mort. Griffin reconnut les taudis et les rues sans vraiment les reconnaître. Sous un soleil de plomb, les croix rouges s’alignaient sur les portes des maisons, les chariots et les gens prêts à quitter Londres pour la campagne s’agglutinaient, lorsqu’ils le pouvaient. La Reine avait déjà rejoint la France.
Griffin avait perdu quelque chose, sans doute un peu de son innocence, mais il n’y avait jamais vécu. Les scènes qui se superposaient à son Londres contemporain n’avaient aucun sens ; elles étaient comme échappées d’un souvenir lointain, enterré sous des tonnes d’autres, des jours heureux, bénis, de longues nuits d’errance.
– Cœur sommeil – romance gothique – parution le 17 août.
L’ANGLETERRE VICTORIENNE
Alain Jumeau, lui, préfère s’attarder sur la condition des femmes (en pleine évolution dans l’Angleterre victorienne), celle des Irlandais et celle des ouvriers. Les premières n’ont pas de droits, mais des devoirs, sont naturellement dépendantes et destinées au mariage. Les Irlandais vivront des années très sombres à cause de la Grande Famine et les ouvriers verront un certain Friedrich Engels dénoncer les conditions de travail inhumaines dans les mines.
J’ai beaucoup apprécié que l’auteur s’attache autant à la classe inférieure, sans n’aborder qu’elle. Dans L’Angleterre victorienne, il aborde aussi l’ascension sociale, la religion et la science, le suffrage universel et le libéralisme.
Malheureusement, et malgré des documents très variés, ce livre effleure juste les bases d’une société étonnante et complexe, faite de crinolines, de chapeaux extravagants et d’industrie. Il m’a néanmoins aidée à poser les bonnes bases de recherches sur la condition féminine.
Judith exercerait une profession comme ces rares femmes depuis les années 1850. Elle ne désespérait pas de trouver un emploi à Londres. Les petites annonces foisonnaient dans les journaux : employée de bureau, radiotélégraphiste, comptable… Elle avait reçu une bonne instruction sur laquelle elle pouvait compter. Les hommes avaient au moins une bonne raison de la considérer comme dangereuse. Ceux-là mêmes qui refusèrent l’amendement féministe en 1867, au nom de la Woman’s Suffrage Society. Ceux-là, encore, qui considéraient les femmes comme mineures. Les mœurs évoluaient. Judith changerait avec elles, raison pour laquelle elle entreprenait cette traversée.
– Cœur sommeil – romance gothique – parution le 17 août.
L’Angleterre victorienne est une période charnière à beaucoup de niveaux. Les femmes ont commencé à travailler, à se détacher du rôle limité auquel on les destinait. C’est le début de l’époque formidable des suffragettes. Le métro est apparu, le chemin de fer aussi, avant de se populariser. Le visage du monde a réellement changé et le progrès s’est joué sur tous les terrains.
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