Marièke Poulat, du blog Mécanismes d’histoires, a publié son premier ebook : Les douze peurs de l’écrivain·e. Je me le suis procuré afin de voir comment l’auteure a traité ce sujet peu abordé.
Ecrire, c’est avoir peur.
Peur de ne pas réussir.
Peur d’avoir à affronter le vide.
Peur de la nullité.
Peur de la critique des autres.
Peur de l’échec.
C’est notre capacité à combattre ces peurs qui va faire de nous l’écrivain·e que nous rêvons d’être.
En tant que journaliste, écrivaine et blogueuse sur Mécanismes d’Histoires, j’ai appris de mes propres peurs et de celles des écrivain·e·s que j’ai rencontré·e·s par l’intermédiaire de mon blog et de mes différentes activités. Après avoir publié ces peurs dans des newsletters envoyées mensuellement, j’ai été sollicitée à plusieurs reprises pour les partager plus largement… C’est désormais chose faite avec cet ebook.
Si je ne pense pas détenir la vérité vraie — chaque auteur·rice a sa vérité et sa méthode de travail et ce serait mentir de vous vendre LA technique —, j’espère que ce petit livre vous aidera à mieux écrire malgré les peurs que vous ressentez.
Vous pouvez vous procurer cet ebook sur Amazon pour la modique somme de 0,99€.
DOUZE PEURS DANS UN·E SEUL·E AUTEUR·E ?
Bien sûr que non ! Marièke Poulat présente ces douze peurs de l’écrivain·e individuellement. Parfois, l’une et l’autre sont liées, et elle le précise.
Je vais tâcher de vous parler de chacune d’elles en faisant le rapprochement avec ma propre expérience.
LA PEUR DE L’INCONNU
Il s’agit d’une peur absolument cohérente, car écrire un livre, c’est plonger dans l’inconnu. D’ailleurs, Marguerite Duras qualifiait ainsi l’acte d’écriture.
Écrire peut être perçu comme une façon de se mettre en danger. Pour autant, ça ne revient pas à se mettre en danger comme certaines personnes qui ont peur de téléphoner ou demander leur chemin. C’est une crainte liée à la critique, car dans l’esprit de quelqu’un qui commence un manuscrit, le plus souvent, c’est dans l’optique qu’il soit lu.
LA PEUR DE L’IMITATION
Pas concernée, car je sais pertinemment que 1) les idées n’appartiennent pas à un·e auteur·e en particulier et 2) ce sont les idées combinées qui prévalent dans l’œuvre.
Bien sûr que j’ai dû déjà reprendre certaines idées ! Et bien sûr que j’y ai ajouté ma touche personnelle ! Depuis le temps que les histoires existent, les ressources en matière d’idées originales sont épuisées depuis belle lurette. Aujourd’hui, une idée n’est originale que dans la manière dont on la gère.
LE SYNDROME DE L’IMPOSTEUR
Pas en matière d’écriture, pour ma part. J’estime avoir assez de bagage et avoir fait suffisamment d’essais pour pouvoir proposer mes textes aux éditeurs depuis 2014. Cependant, je m’interrogeais quant à une récente proposition pour animer un atelier d’écriture. Proposition que j’ai déclinée, car je ne me sentais pas légitime par, notamment, le nombre de mes livres publiés.
Je trouve que le syndrome de l’imposteur peut être plus ou moins lié à la peur de l’imitation. Une idée d’une autre personne ne sera jamais assez bonne pour le·a supposé·e imitateur·rice.
LA PEUR DE LA PAGE BLANCHE
Ahahah ! Laissez-moi rire ! Avec toutes les idées qui me tombent dessus, je redoute plutôt la nuit blanche. À ce propos, Marièke Poulat parle de ce point dans son ebook. Malheureusement, elle le perçoit comme positif, tandis que moi, pour le vivre tous les jours, j’aurais tendance à en parler de manière négative.
C’est assez difficile à gérer au quotidien, avec les à-côtés, les loisirs, la fatigue… Personnellement, j’ai souvent une impression de débordement des idées, et si j’arrive à gérer le flux, ça ne m’empêche pas de me sentir parfois nulle quand je n’arrive pas à tout faire.
LA PEUR DE S’ÉPARPILLER
Cette histoire de trop plein d’idées n’est pas non plus la peur de m’éparpiller. Au contraire, c’est quand je mène cinquante projets de front que j’ai réellement le sentiment d’avancer, de progresser dans ma façon de m’organiser.
Voir aussi “Le surplus d’idées”. (Vidéo.)
LA PEUR DE NE PAS FINIR
J’écris depuis maintenant quatorze ans et j’ai toujours fini mes manuscrits commencés. Je ne supporte pas d’avoir un manuscrit non achevé, pour moi, ça fait partie du jeu. (Et de mes TOC.)
Un manuscrit non achevé est un manuscrit perdu. Cependant, je peux comprendre cette peur de ne pas finir. Écrire un roman est une tâche titanesque, surtout quand on commence à y penser. Écrire une nouvelle n’est pas plus aisé, à cause des règles plus strictes que le format court impose.
La solution repose peut-être sur le fait de ne pas songer au-delà de l’instant présent, au-delà de l’écriture en tant que telle. Comme je le dis toujours, les corrections arriveront bien assez tôt.
LA PEUR DE FINIR SON ROMAN
A contrario, il y a celleux qui craignent de finir leur roman. C’est là, à mon humble avis, celle des douze peurs de l’écrivain·e la plus susceptible de m’atteindre.
Si, avant, j’appréciais de laisser un roman de côté (surtout par crainte des corrections, mais ça va beaucoup mieux), aujourd’hui, j’ai plus de mal. Il faut aussi préciser que j’écris des romans de plus en plus longs. Ça me paraît donc logique d’éprouver un je ne sais quoi au moment de la séparation.
LA PEUR DE TOUT PERDRE
Je ne le dirai jamais assez, sauvegardez, sauvegardez et sauvegardez encore !
Et multipliez les supports, bon sang de bois ! (En quatorze ans, je n’ai perdu aucun manuscrit.)
LA PEUR DE LA CRITIQUE
J’avoue avoir toujours une petite appréhension quand je me vois tagguée sur les réseaux sociaux pour une chronique, d’autant plus que je publie assez rarement, en comparaison de certain·e·s auteur·e·s.
Si j’étais plutôt confiante pour la sortie de Noces d’éternité, en 2014 au Petit Caveau, j’ai été beaucoup moins sereine pour Les Sempiternels. Plus encore quand j’ai lu certaines chroniques. Malgré l’enthousiasme, la façon d’aborder la représentation féminine des Sempiternels dans les avis m’a vachement fait tiquer. Le rapport aux homologues masculins a fait dresser mes cheveux sur ma tête, et j’ai finalement eu un constat assez pessimiste vis-à-vis de cette publication.
Lire aussi “De la représentation féminine par rapport à leurs homologues masculins”.
Néanmoins, je ne dirai pas que cette appréhension me touche, car je suis en mesure de savoir ce que mes textes valent. Si les interprétations diffèrent du message que je voulais faire passer, si les personnages ne sont pas assez « féminins » pour le public, je suis consciente que c’est lié à compréhension, aux goûts, voire à la société.
LA PEUR DE L’ÉCHEC
Comme l’explique si bien Marièke, la peur de l’échec naît de l’exposition de son texte à une tierce personne. Elle amène souvent à l’inaction, qui elle-même, entretient l’échec et le sentiment d’incapacité à finir ce foutu texte.
La peur de l’échec est vicieuse, car elle entraîne l’auteur·e dans un cercle vicieux. Elle remet en doute des aptitudes qui n’ont parfois pas eu le temps de faire leur preuve. Bref, la peur de l’échec est un beau gâchis.
LA PEUR DE L’INFINI
Sans doute celle des peurs de l’écrivain·e qui me parle le moins.
La peur de l’infini consiste à craindre le recommencement. Comme je l’écrivais plus haut, écrire est une tâche difficile, longue et ingrate. Une fois, ça va. Deux, c’est peut-être un peu plus redondant. Ce qui explique que certain·e·s, comme Margaret Mitchell, n’écrivent qu’un seul roman dans toute leur vie.
Personnellement, j’aurais aussi parlé de la peur du déni, soit celle de ne pas (réussir à) assumer son texte. Ça arrive souvent, dans l’autoédition : un·e auteur·e rejette la faute (sans mauvais jeu de mots) sur le·a correcteur·rice.
Si je partage globalement le développement des points par l’auteure, je déplore cependant un manque de détails. Les peurs de l’écrivain·e sont survolées, et j’aurais aimé plus de matière. Cet ebook constitue néanmoins une bonne base pour la découverte du métier et des craintes qu’il engrange. Je le recommande aux auteur·e·s en herbe et à celleux qui s’interrogent sur un blocage.
[…] Lire aussi “Les douze peurs de l’écrivain·e : faire le point pour progresser”. […]