Dimanche 5 mai, je rédigeais un thread sur le chapitre, suite à une observation très fréquente : les auteur·trice·s de Wattpad (surtout elleux, mais pas que) demandent souvent si le nombre de mots de leur(s) chapitre(s) est « bon ».
Le chapitre idéal n’est pas un nombre spécifique de mots (ou sec)
La question « Mon chapitre fait X mots, vous croyez que c’est assez ou trop ? » est aussi agaçante que les réponses, comme je l’écrivais dans mon thread. Parce que le chapitre idéal n’est pas caractérisé par son nombre de mots ou de signes espaces comprises.
Le chapitre d’un texte à l’autre
La longueur des chapitres variera d’un texte à l’autre, selon le caractère que souhaite lui donner l’auteur·rice. Je prenais l’exemple d’un chapitre court et intense, mais le contraire est tout aussi vérifiable.
Ce qu’il faut prendre en compte
L’intensité, les cliffhangers, la place qu’occupent les évènements, celle de l’action, des descriptions, la présentation des personnages sont autant d’éléments à prendre en compte lorsqu’on décide de la longueur de son chapitre.
Évidemment, vous pouvez y aller à la « va comme j’te pousse » et constater la longueur de votre chapitre une fois celui-ci rédigé. Tant que vous n’écrivez pas, pour une raison x ou y, dans le but d’obtenir un nombre prédéfini de mots ou de sec pour votre manuscrit, faites-vous plaisir !
« Le nombre de mots d’un chapitre dépend du genre du roman »
Il n’y a rien de plus faux ! Pourtant, j’ai lu un paquet de gens persuadés que les chapitres d’un pulp pèsent moins lourd que ceux d’un roman historique.
Je le répète donc : un chapitre ne dépend pas du genre de votre texte. Vous pouvez très bien adopter un style contemplatif, comme je l’ai fait avec Cœur sommeil et écrire des chapitres de 2-3000 mots. (Ça m’est arrivé.) Vous pouvez aussi vous retrouver avec des chapitres d’un pulp qui avoisinent les 2500-3000 mots. (Ça m’est aussi arrivé avec Les Sempiternels.)
Forcer pour obtenir des tailles de chapitres équivalentes ?
Certain·e·s pratiquent ce que j’appelle le forcing du quota de leur(s) chapitre(s). Le but ? Que chaque chapitre d’un même roman tourne autour d’un nombre de mots ou sec équivalent, ce qui revient à forcer le trait pour rentrer dans des clous que ces personnes s’imposent toutes seules.
C’est un procédé foireux, car le chapitre doit peser le nombre de mots (ou de sec) dont il a besoin pour faire le job. Comparez votre chapitre à un animal qui aurait besoin de s’accoutumer à la présence de l’intrigue, et, comme tout animal, il a besoin d’un certain espace.
De la conséquence majeure des chapitres mal dosés
Des chapitres mal « dosés », c’est l’assurance d’un rythme narratif bancal. J’ai déjà écrit des chapitres de 8000 mots, d’autres de 500 mots parce que le rythme global le nécessitait.
Si vous pouvez dire les choses en 500 mots, ne le faites pas en 1000. N’ajoutez pas de descriptions ; si vous cherchez bien, ailleurs, dans votre manuscrit, vous vous rendrez compte que vous avez déjà apporté ces précisions, peut-être même avec plus de fluidité.
Je ne veux pas écrire des chapitres trop longs
Là encore, c’est possible, peu importe le genre de votre roman. Quand certain·e·s écriront un chapitre long, parfois entrecoupé d’un ou plusieurs sauts de ligne, vous couperez directement et passerez au chapitre suivant.
Et, si vous tenez vraiment à proposer des « bouts d’histoires » pour que les lecteur·rice·s puissent faire une pause plus facilement (sans se farcir 100 pages d’affilée, par exemple), rien ne vous empêche de diviser un gros chapitre, comme je l’écrivais juste au-dessus.
Du besoin rassurant de faire comme les autres
Les autres s’en tiennent rigoureusement à leurs 1000 ou 2500 mots par chapitre, grand bien leur fasse. Vous n’êtes pas les autres, rentrez-le-vous dans le crâne une bonne fois pour toutes. L’écriture, ce n’est pas un examen avec de la théorie par cœur. C’est beaucoup de travail et essentiellement des expérimentations. Si les autres peuvent être une aide précieuse, leur(s) méthode(s) ne sont pas gravée(s) dans la roche.
L’habitude ou le besoin de comparer son écriture, ses bases et ses rendus à ceux des autres est, sans aucun doute, un réflexe rassurant, surtout quand on débute. Cependant, l’écriture n’est pas affaire de comparaison. Les seuls clous que l’on vous demande de respecter sont ceux posés par les maisons d’édition dans le cadre des envois de manuscrits.
Se poser des questions, aussi, est éminemment fréquent et normal, mais, quitte à vous poser mille questions, posez-vous les bonnes. Par exemple : combien de mots devrais-je allouer à ce chapitre pour qu’il fonctionne ?